« Assistanat : un mythe qui ronge la solidarité (EP.66) » : différence entre les versions

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Ah ! La France et son bon vieux mythe de l'assistanat. Comme s'il s'agissait d'une tare sociale transmise de générations en générations. Mais que trouve-t-on derrière cette stigmatisation des "assistés", de nouveau à la mode en période électorale ? Sans doute des questions bien plus profondes sur notre rapport à la pauvreté, à la solidarité et la valeur que l'on attribue au travail notre société dite "moderne" ou 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Ah ! La France et son bon vieux mythe de l'assistanat. Comme s'il s'agissait d'une tare sociale transmise de générations en générations. Mais que trouve-t-on derrière cette stigmatisation des "assistés", de nouveau à la mode en période électorale ? Sans doute des questions bien plus profondes sur notre rapport à la pauvreté, à la solidarité et la valeur que l'on attribue au travail notre société dite "moderne" ou 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.


Avec Nina Schmidt, cheffe de projet à l'Observatoire des inégalités.<ref>http://www.inegalites.fr/</ref>{{#ev:youtube|https://www.youtube.com/watch?v=rnu9e1ft5qw}}
Avec '''Nina Schmidt''', cheffe de projet à l'Observatoire des inégalités.<ref>http://www.inegalites.fr/</ref>{{#ev:youtube|https://www.youtube.com/watch?v=rnu9e1ft5qw}}


== Script ==
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''« Oui mais toutes ces aides, ça incite pas à travailler ! »'' Tiens donc. D'après une étude datant de 2006, parmi les allocataires des 11 minimas sociaux, 40% avaient du mal à trouver un emploi stable<ref>http://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_2008_num_91_1_2354</ref>. Par choix ? Pas vraiment. 96% d'entre eux était en recherche active de travail<ref name=":0">http://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_2008_num_91_1_2354</ref>. Mais faute de la bonne qualification, parce que le job est trop loin, que les transports coûtent trop cher ou encore parce qu'ils ou elles sont trop jeunes ou trop vieux, ils ne trouvent que des emplois précaires ou rien du tout.
''« Oui mais toutes ces aides, ça incite pas à travailler ! »'' Tiens donc. D'après une étude datant de 2006, parmi les allocataires des 11 minimas sociaux, 40% avaient du mal à trouver un emploi stable<ref>http://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_2008_num_91_1_2354</ref>. Par choix ? Pas vraiment. 96% d'entre eux était en recherche active de travail<ref name=":0">http://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_2008_num_91_1_2354</ref>. Mais faute de la bonne qualification, parce que le job est trop loin, que les transports coûtent trop cher ou encore parce qu'ils ou elles sont trop jeunes ou trop vieux, ils ne trouvent que des emplois précaires ou rien du tout.


Il y a aussi les 18% d'allocataires qui doivent faire face à des problèmes de santé. Près d'un sur trois continue quand même à chercher activement un travail là où les autres en sont tout simplement incapables physiquement<ref name=":0" />. Au final, sur l'ensemble des allocataires des minimas sociaux, moins de 1% déclare que reprendre un travail serait moins rentable que de toucher les aides sans rien faire.<ref name=":0" /> Adieu mythe de l'assistanat.
Il y a aussi les 18% d'allocataires qui doivent faire face à des problèmes de santé. Près d'un sur trois continue quand même à chercher activement un travail là où les autres en sont tout simplement incapables physiquement<ref name=":0" />. Au final, sur l'ensemble des allocataires des minimas sociaux, moins de 1% déclare que reprendre un travail serait moins rentable que de toucher les aides sans rien faire.<ref name=":0" /> Adieu mythe de l'assistanat.[[Fichier:Assistanat2.jpg|gauche|vignette|En 2013, la fraude aux prestations sociales s'élevait à 350,5 millions d'euros<ref>http://www.securite-sociale.fr/La-fraude-sociale#ancre_3</ref>.L a même année, la fraude aux cotisations sociales représentait 20 à 25 milliards d'euros<ref>http://www.securite-sociale.fr/La-fraude-sociale#ancre_2</ref>. Près de 70 fois plus.]]Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. L'autre s'appelle le « non-recours ». Toutes celles et ceux qui ont droit aux aides mais n'en bénéficient pas<ref name=":1">http://www.doyouspoc.com/attente/</ref>. Soit parce qu'ils n'en n'ont pas fait la demande, soit parce qu'ils ne savent même pas que ces aides existent.
 
Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. L'autre s'appelle le « non-recours ». Toutes celles et ceux qui ont droit aux aides mais n'en bénéficient pas<ref name=":1">http://www.doyouspoc.com/attente/</ref>. Soit parce qu'ils n'en n'ont pas fait la demande, soit parce qu'ils ne savent même pas que ces aides existent.
[[Fichier:Assistanat2.jpg|gauche|vignette|En 2013, la fraude aux prestations sociales s'élevait à 350,5 millions d'euros<ref>http://www.securite-sociale.fr/La-fraude-sociale#ancre_3</ref>.L a même année, la fraude aux cotisations sociales représentait 20 à 25 milliards d'euros<ref>http://www.securite-sociale.fr/La-fraude-sociale#ancre_2</ref>. Près de 70 fois plus.]]
Pour le RSA, le taux de non-recours est de 50%. Si l'on se concentre sur le seul RSAactivité, versé aux travailleurs pauvres, le taux grimpe à 68%. Pour l'ACS, l'Aide au paiement d'une Complémentaire Santé, il varie entre 60% et 70%<ref>https://www.atd-quartmonde.fr/produit/en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete/</ref><ref name=":1" />. Au total, ce sont près de 10 milliards d'euros qui ne seraient pas réclamés chaque année<ref>https://www.atd-quartmonde.fr/produit/en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete/</ref>. Être aidé ne semble pas si simple.
Pour le RSA, le taux de non-recours est de 50%. Si l'on se concentre sur le seul RSAactivité, versé aux travailleurs pauvres, le taux grimpe à 68%. Pour l'ACS, l'Aide au paiement d'une Complémentaire Santé, il varie entre 60% et 70%<ref>https://www.atd-quartmonde.fr/produit/en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete/</ref><ref name=":1" />. Au total, ce sont près de 10 milliards d'euros qui ne seraient pas réclamés chaque année<ref>https://www.atd-quartmonde.fr/produit/en-finir-avec-les-idees-fausses-sur-les-pauvres-et-la-pauvrete/</ref>. Être aidé ne semble pas si simple.


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La pauvreté est une réalité bien plus complexe qu'on ne l'imagine et aucun doigt accusateur ne pourra aider celles et ceux qui en souffrent.
La pauvreté est une réalité bien plus complexe qu'on ne l'imagine et aucun doigt accusateur ne pourra aider celles et ceux qui en souffrent.
[[File:664.jpg|400px]]
[[Fichier:664.jpg|centré|vignette|400x400px|Nina Schmidt]]
 
=== Conclusion ===
=== Conclusion ===
Il n'existe pas a pas « une » mais « des » pauvretés. Entre 1979 et 2011, dans le budget des ménages pauvres et modestes, la part des dépenses « contraintes » - loyer, électricité, gaz, assurances, téléphone, entre autres - est passée de 23% à 52%, contre une moyenne de 33,5% pour l'ensemble de la population française en 2011<ref name=":2" /><ref>https://www.insee.fr/fr/statistiques/2384083?sommaire=2384132</ref>.
Il n'existe pas a pas « une » mais « des » pauvretés. Entre 1979 et 2011, dans le budget des ménages pauvres et modestes, la part des dépenses « contraintes » - loyer, électricité, gaz, assurances, téléphone, entre autres - est passée de 23% à 52%, contre une moyenne de 33,5% pour l'ensemble de la population française en 2011<ref name=":2" /><ref>https://www.insee.fr/fr/statistiques/2384083?sommaire=2384132</ref>.
 
[[Fichier:Assistanat3.jpg|gauche|vignette|D'après une étude datant de 2006, parmi les allocataires des 11 minimas sociaux, 40% avaient du mal à trouver un emploi stable]]
Ces mêmes familles pauvres paient généralement plus cher que les autres ce qu'elles consomment<ref>https://factsreports.revues.org/1218</ref><ref>http://www.at-entreprise-pauvrete.org/toutes-nos-publications/les-penalites-de-pauvrete-en-france-comment-le-marche-aggrave-la-situation-des-populations-pauvres-facts-reports-2012/</ref>. Côté habitation, les petites surfaces étant plus recherchées, elles sont proportionnellement plus coûteuses. Les ménages défavorisés, habitant de petits logements, paient donc le mètre carré 5% plus cher en moyenne. Pas d'bol. Pour les petits biens, l'assurance aussi est plus chère, 20% supplémentaires par mètre carré en moyenne. Décidément. Idem pour la téléphonie mobile, ne pouvant s'engager sur des forfaits, les plus modestes se rabattent sur les cartes prépayées où la minute de communication est 15% à 50% plus élevée. Bienvenue en double peine.[[File:cit_fermee.PNG|100px|right|lien=https://wiki.datagueule.tv/Fichier:Cit_fermee.PNG]]Entre 2003 et 2014, le nombre de dossiers de surendettements en France est passé de 165.000 à 230.000<ref name=":2" />. Une famille sur cinq est actuellement en situation de précarité énergétique<ref name=":2" />. Alors quoi ? On continue à parler d'assistés ? Ou on assume les besoins de solidarité ?
Ces mêmes familles pauvres paient généralement plus cher que les autres ce qu'elles consomment<ref>https://factsreports.revues.org/1218</ref><ref>http://www.at-entreprise-pauvrete.org/toutes-nos-publications/les-penalites-de-pauvrete-en-france-comment-le-marche-aggrave-la-situation-des-populations-pauvres-facts-reports-2012/</ref>. Côté habitation, les petites surfaces étant plus recherchées, elles sont proportionnellement plus coûteuses. Les ménages défavorisés, habitant de petits logements, paient donc le mètre carré 5% plus cher en moyenne. Pas d'bol. Pour les petits biens, l'assurance aussi est plus chère, 20% supplémentaires par mètre carré en moyenne. Décidément. Idem pour la téléphonie mobile, ne pouvant s'engager sur des forfaits, les plus modestes se rabattent sur les cartes prépayées où la minute de communication est 15% à 50% plus élevée. Bienvenue en double peine.[[File:cit_fermee.PNG|100px|right|lien=https://wiki.datagueule.tv/Fichier:Cit_fermee.PNG]]Entre 2003 et 2014, le nombre de dossiers de surendettements en France est passé de 165.000 à 230.000<ref name=":2" />. Une famille sur cinq est actuellement en situation de précarité énergétique<ref name=":2" />. Alors quoi ? On continue à parler d'assistés ? Ou on assume les besoins de solidarité ?


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