« Tarte à l'Ukraine (EP.1) » : différence entre les versions

<blockquote>Le monde est un gâteau, le pouvoir est un goinfre et l’obésité ne date pas d’hier. Bonjour.</blockquote><blockquote>Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb accoste sur l’une des îles de l’archipel des Bahamas. Il pense être en Asie. Dommage.</blockquote><blockquote>Vu que personne n’est venu lui offrir des colliers de fleurs, une question surgit : à qui appartient cette “terra nullius”, cette terre apparemment sans maître ni frontière ?</blockquote><blockquote>Le traité de Tordesillas est la réponse. Signé le 7 juin 1494, il divise le nouveau monde en… deux. Une partie pour le Royaume de Castille et l’autre pour le Portugal. Comme ça, c’est plus simple.</blockquote><blockquote>Ne lâchons pas le couteau, le gâteau est grand. Près de 150 ans plus tard, en 1648, sont signés les trois traités de Westphalie. Ils concluent deux périodes sympathiques, la guerre de 30 ans et la révolte des Pays-Bas, qui en a duré 80.</blockquote><blockquote>Pour fêter ça, un partage s’impose. Ici, ce sont les frontières de l’Europe qui sont redéfinies mais, ça se complique, la découpe est plus complexe : il y a la France, les cantons Suisses, les Pays-Bas, le Saint Empire Germanique… Tant d'appétits à satisfaire.</blockquote><blockquote>1814, Vienne, à peine 150 ans plus tard. 15 membres des familles royales s’ébattent au milieu de 416 princes et chefs de missions diplomatiques. Tout ce beau monde est là pour se partager les ex-conquêtes du fougueux Napoléon.</blockquote><blockquote>Britanniques et Russes s'opposent, Autrichiens et Prussiens en font autant. Mais, comme tout arrive, les souverains s'accordent et redécoupent l'Europe selon leurs besoins. La Pologne par exemple est partagée pour la quatrième fois consécutive en 40 ans.</blockquote><blockquote>1884 : conférence de Berlin. Le buffet a une superficie de plus de 30 millions de kilomètres carrés (30 415 873 km2) : l’Afrique. C’est fou comme ce petit bout de terre regorge de ressources.</blockquote><blockquote>Alors, les géants européens (Portugal, Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Russie, Suède-Norvège), l’Empire ottoman et les Etats-Unis décident d'être pragmatiques : pourquoi se battre quand on peut se partager ? Il est temps de définir qui a quoi, et ainsi tracer de belles  frontières bien rectilignes.</blockquote><blockquote>Encore une. 1945 : Yalta, célèbre station balnéaire de Crimée, accueille une non moins célèbre conférence. Staline, Churchill et Roosvelt s’y partagent l’Europe post troisième Reich.</blockquote><blockquote>Depuis, fini la belle époque des grands partages succédants aux grandes guerres. Les occidentaux ne se réunissent plus. De nouvelles puissances émergent, comme la Chine ou l'Inde. Et les découpes sont plus complexes, moins franches.</blockquote><blockquote>Il y a bien eu l'Amérique Latine, aire de jeu des États-Unis. Soutient décisif de plusieurs coups d'états : au Brésil (1964), au Chili (1973) ou encore en Argentine (1976).</blockquote><blockquote>Il y a aussi eu l'Asie du Sud-est, dont le Cambodge est un exemplaire : le pays est passé des mains américaines (1970 > 1975) aux chinoises (1975 > 1979) pour finalement atterrir dans celles de russes (1979 > 1989).</blockquote><blockquote>On pourrait aussi raconter l'Asie centrale à travers l'Afghanistan, le continent Indien avec le Bengladesh ou le Cachemire, le Moyen-Orient et les guerres du Golfe, l'Irak, l'Iran, le Liban,  la Libye ou la Syrie, revenir en Europe centrale via la Macédoine, le Kosovo ou la Géorgie.</blockquote><blockquote>Et voici aujourd'hui l'Ukraine qui attise les appétits. « Ukraine », « Notre terre » selon les historiens ukrainiens mais aussi « frontière » d'après l'étymologie russe.</blockquote><blockquote>L'Ukraine et ses habitants sont comme un fanion au milieu de la corde. Chacun tire de son côté, cherchant les alliances et les justifications les plus solides pour emporter la partie. Il va falloir de bons gaillards pour tirer fort.</blockquote><blockquote>À moins que ça ne se termine en banquet, comme au bon vieux temps.

Histoire d'assumer le partage par delà les peuples.</blockquote>