Glencore, la marge de l'empereur (EP.46)

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Informations techniques
Saison 4
Episode 46
Date de sortie 13/10/2015
Durée 4:00

Dites bonjour à Glencore. Vous ne connaissez sans doute pas cette multinationale et pourtant vous la côtoyez chaque jour. Glencore est l'un des plus grands négociants de matières premières de la planète. Ce géant suisse s'occupe de métaux (cuivre, zinc ou plomb) mais aussi de pétrole, de charbon ou de céréales (blé, maïs, soja). Dominer les marchés de nombreuses matières premières qui font tourner notre monde est un modèle rentable. Mais avoir une entreprise avec cette position dominante pose aussi de nombreuses questions. Surtout quand on se penche un peu plus sur les méthodes pour y parvenir.

Script

rigtEntre légal et illégal, tout est une question de marges. Bonjour !

En 2011, Glencore contrôlait 60% du marché du zinc, 50% de celui du cuivre ou encore 22% de celui de l'aluminium.

Du cuivre, du zinc, du plomb, de l'aluminium mais aussi du charbon, du pétrole ou encore du blé, du maïs, du soja ou du coton, une grande partie de ces matières premières vendues chaque jour passent entre les mains d'une seule et même entreprise : Glencore[1]. Avec 132 filiales dispersées dans 41 pays, employant 181.000 personnes, ce géant Suisse est l'un des leaders mondiaux du négoce de matières premières[2]. En 2011, il contrôlait 60% du marché du zinc, 50% de celui du cuivre ou encore 22% de celui de l'aluminium[3]. Et atteindre de tels sommets nécessite un vrai savoir-faire.

Revenons en 1974. L'américain Marc Rich, talentueux trader de matières premières, décide de fonder Marc Rich & Co. Huit ans plus tard, l'entreprise est déjà le second plus grand négociant de matières premières au monde[4]. Son nom deviendra Glencore en 1994. Mais quel est son secret ? Les marges. Celles qu'il fait sur ses ventes tout comme celles qu'il s'octroie sur les lois.

Marc Rich, le dit lui-même : « je suis un businessman, pas un politicien ». Sauf que le contexte politique a souvent fait fleurir son business. Entre 1979 et 1981, il achète des millions de barils de pétrole à l'Iran, alors sous embargo américain[4]. Du coup, il se retrouve sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI pour avoir « négocié avec l'ennemi ».[5]

Marc Rich se réfugie alors en Suisse, dans le canton de Zoug, ravissant paradis fiscal, où il a installé sa société.[6] Pratique car, jusqu'en 2002, la Suisse n'est pas membre de l'ONU. Les entreprises qui y sont domiciliées sont libres de ne pas tenir compte des embargos internationaux. Marc Rich revendra donc tout naturellement une grande partie du pétrole iranien à l'Afrique du Sud, en plein apartheid et sous un embargo de l'ONU. Il y ajoutera même du pétrole acheté à la Russie, elle aussi sous embargo américain.

Et ce n'est que le début d'un chemin couronné de succès.

En 2010, en Russie, une violente sécheresse menace les récoltes de blé. Glencore parie alors sur une hausse du prix de la céréale. Dans le même temps, le représentant de l'entreprise pour le marché russe conseille au Kremlin de stopper ses exportations de blé. Deux jours plus tard, face à l'arrêt des exportations russes, les prix mondiaux du blé s'envolent de 15%. Un joli coup.

Dominer un marché, ça ouvre des perspectives. Piloté par l'ONU, le programme alimentaire Mondial est censé commercer avec des agriculteurs dans le besoin. Et pourtant, en 2012, c'est Glencore qui en est le premier fournisseur de blé. Cette année là, e Programme Alimentaire Mondial lui achètera pour 78 millions de dollars de la précieuse céréale.

Mais ce n'est pas suffisant pour rassasier l'appétit de Glencore. En 2014, l'entreprise rachète Xstrata, leader mondial du charbon bitumineux et poids lourd de nombreux métaux comme le cuivre ou le zinc. Et les méthodes restent les mêmes. En Colombie, sur la mine de Cerrejon, Glencore exporte 35 millions de tonnes de charbon par an. Sur les 12.000 mineurs, 7.000 sont employés par des sous-traitants, ce qui va à l'encontre de la loi colombienne. Mais leurs salaires sont jusqu'à trois fois plus faibles, leurs contrats plus courts et leurs droits syndicaux plus « allégés ». C'était trop tentant.

Depuis 2000, en Zambie, Glencore gère la mine de cuivre de Mopani, grâce à sa filiale Mopani Copper Mines. La production s'est intensifiée et la pollution aussi. Les rejets de souffre dépassent jusqu'à 72 fois les limites légales. Quand au plomb, c'est 90 fois. Mais ce qui compte, ce sont les marges. Ces derniers temps les cours du cuivre ont chuté. En septembre 2015, l'entreprise a donc décidé de stopper la production à Mopani pour au moins 18 mois. Or, l'économie de la Zambie dépend à 70% du cuivre pour ses exportations. Voilà un arrêt « temporaire » risque d'avoir de sérieuses conséquence pour tout un pays.

Il est des positions de force qui permettent de s'affranchir des règles communes. Mais qu'importe, il faut bien que business se fasse.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Journaliste Antoine Cauty
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Gilles Roqueplo
Sound design Célia Sayaphoum & Emmanuel Rebaudengo
Mixage Yves Zarka
Producteur Luc Hermann
Production exécutive Hervé Jacquet - StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Production Sandrine Miguirian

Vanille Cabaret

Communication Agnès Desplas
Administratrice de production Sandrine Miguirian