Ensemble, tout devient fossile (2°C avant la fin du monde)
Informations techniques | |||||
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Saison | 2°C | ||||
Episode | {{{épisode}}} | ||||
Date de sortie | 09/11/2015 | ||||
Durée | 5:42 |
Script
Depuis des centaines de millions d’années,
Depuis des centaines de millions d’années, sous terre, le bois se fossilise pour donner du charbon. Et des milliards de micro-organismes s’y transforment en gaz ou en pétrole. Un paisible processus naturel. Cyclique. Imperturbable. Ou presque... Jusqu’aux premiers coups de pioche humains, puis une explosion, un forage, et bien d’autres techniques. Place à la chasse aux fossiles.
La nature a longtemps résisté. Jusqu’au XVIIIème siècle, le charbon coûte cher car les mines sont en permanence noyées. Mais en 1712, c’est l’étincelle. L’ingénieur anglais Thomas Newcomen conçoit une machine qui en brûlant du charbon, actionne une pompe, permettant d’assécher les galeries des mines. Il donne à cet ancêtre de la machine à vapeur un nom prophétique : le moteur atmosphérique. Bienvenue dans une nouvelle ère. Le précieux charbon, plus accessible, devient moins cher. Entre 1794 et 1814, sa production en France est multipliée par 3. Grâce à lui, le fer se transforme en acier, qui, coulé en rails, donne naissance aux premiers chemins de fer. En Angleterre, la vapeur des locomotives se propage jusqu’aux bateaux de la marine britannique, qui reviennent d’Inde, chargés de coton. De quoi alimenter les manufactures, fraichement bâties. Dans les fumées du charbon, le tissage à la main disparaît. Les machines sont plus rapides et plus productives. L’extraction du charbon a ouvert la voie. Aux Etats-Unis, dès le milieu du XIXème siècle, on creuse également le sol pour extraire du soufre. À grands coups d’eau à très haute température. Et grâce à ce soufre, l’industrie chimique accède aux précieux phosphates, permettant de créer les premiers fertilisants industriels. Les rendements agricoles peuvent enfin exploser.
Aujourd’hui, 80% de la déforestation est directement liée à l’agriculture, détruisant du même coup les puits capables d’absorber nos excès carbonés. Mais la mode est lancée. Les usines poussent comme des champignons, produisant toujours plus de biens de consommation qu’il faut écouler. Et histoire de bien huiler la machine, les banques fournissent un autre carburant. Dans les années 1920, nait le crédit à la consommation. En 1926, plus de 30% des ménages américains disposent de cette coûteuse invention qu’est la voiture. Les 2/3 sont achetées à crédit. La Seconde Guerre Mondiale enfonce le clou de la surproduction. Pour soutenir l’effort de guerre, les usines tournent à plein régime. Et les armées avalent des quantités considérables d’énergie fossile. Entre la Première et la Seconde Guerre Mondiale, la consommation d’énergie du soldat américain moyen a été multipliée par 228. Au sortir de la guerre, le volume du pétrole transporté dans les pipelines américains a été multiplié par 5. Maintenant que les infrastructures sont là pour les rentabiliser, il va falloir trouver un remplaçant à l’effort de guerre. Bonjour la consommation de masse.
Ainsi, au fil du temps, depuis le moteur atmosphérique, les outils de forage se sont modernisés, libérant des torrents de nouveaux combustibles. Pétrole et gaz qui alimentent aujourd’hui chaque seconde de nos vies. Impossible d’acheter des cerises en hiver ou des écrans plats dernier cri sans ces porte-conteneurs longs comme des immeubles de 100 étages. Ils sillonnent les murs sous l’impulsion de groupes électrogènes, produisant assez d’électricité pour alimenter 15 000 habitants. Avec du fuel, évidemment.
Loin d’être une solution miracle, la high-tech échauffe de plus en plus le climat. 10 minutes de vidéo sur Youtube pèse 1g de CO2. Et chaque recherche Google, quelques centigrammes. C’est peu de choses. Sauf qu’avec la mondialisation de ces usages, l’infrastructure numérique produirait aujourd’hui 2% des émissions de gaz à effet de serre. Autant que les lignes aériennes qui quadrillent la planète. Et les fossiles arrivent jusque dans nos assiettes. À coup de steaks, de burgers et de yaourts, les ruminants et leurs produits laitiers rejettent à eux seuls chaque année 5,7 milliards de tonnes d’équivalent-CO2. La moitié provient du méthane de leurs pets et de leurs rots. Et un quart est dû à l’usage de pesticides sur les champs où poussent leurs nourritures.
Aujourd’hui, plus de 80% de l’énergie qui fait tourner notre Monde provient toujours du charbon, du pétrole et du gaz. Depuis le début de la Révolution industrielle, les 2/3 de ces émissions ont été produites par seulement 90 entreprises. Avec au premier rang, les producteurs de pétrole comme Chevron, Exxon, BP ou Shell. Du coup, le mythe reste. Ces fossiles nous offrent le rêve d’un confort universel et bon marché. Nos étiquettes discount sont suffisamment larges pour masquer une réalité aussi sombre qu’un puits de pétrole.
En 200 ans, nous avons vidé quasiment tous les gisements les plus accessibles. Les pétroliers s’attaquent à de nouvelles réserves. Mais comme elles sont plus difficiles à exploiter, elles sont forcément plus gourmandes en énergie. Dans les années 1950, il fallait brûler un baril de pétrole d’énergie pour extraire 50 barils de pétrole brut. Désormais, il faut consommer 12 fois plus d’énergie pour extraire la même quantité de pétrole des couches de schistes ou des sables bitumineux. Mais heureusement, le réchauffement climatique, provoqué par nos émissions de CO2, va nous donner accès à de nouveaux gisements, pour continuer à émettre toujours plus. Au Pôle Nord, à raison d’un recul moyen de la banquise de 13,4% par décennie, l’Arctique se transforme progressivement en un banal océan. Et, à quelques centaines de mètres sous cette nouvelle étendue liquide, les géologues ont déjà identifiés 400 gisements d’hydrocarbures, renfermant environ 40 milliards de barils de pétrole et plus de 30 000 milliards de m3 de gaz.
Alors, on refait le plein, non ?
Crédits
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Un film écrit par | Henri Poulain
Julien Goetz Sylvain Lapoix |
Réalisé par | Henri Poulain |
Producteur délégué | Luc Hermann |
Production exécutive - StoryCircus | Hervé Jacquet |
Journaliste | Antoine Cauty |
Détournement clip COP21 | Nicolas et Bruno |
Montage | Henri Poulain
Guillaume Talvas |
Réalisation graphique | Laurent Kinowski |
Monteur additionnel | Julie Milouh |
Images | Nils Ruinet
Pedro Brito Da Fonseca Juliette Faÿsse François Paturel Maxime Maujean |
Chef opérateur du son | Benjamin Charier |
Sound design | Christophe Joly |
Mixage | Yves Zarka |
Assistant son | Bastien Planchenault |
Étalonnage | Sasha Savic |
Directeur de production | Aurélien Baslé |
Assistante de production | Mathilde Quéru |
Assistante de production adjointe | Emmanuelle Benharbon |
Régisseur technique | Benoît Bes |
Directrice administrative et financière | Marie Rochet |
Directeur de post-production | Julien Beaupé |
Assistant de post-production | Matthieu Bogo |
Moyen techniques tournage | Vidéo Plus
Visual Impact DCA Vizibul Stritlab Aina Films Jangala Films |
Un grand merci à | Monsieur Poulpe |
Remerciements | Bastille Design Center
Marie Ville de Paris Florence Labalette Carole Gehendges Sandrine David Aude Rodet Alexandre Hannoun Blanche Tivolle Alain Cerni Martin Arnaud Michel Blay Romain Morel Sébastien Treyer |
Musique | Cezame Music Agency |
Crédits | Avec l'aimable autorisation
Du Muséum National d'Histoire Naturelle - France Grande Galerie de l'évolution Rénovée par Paul Chemetov et Borja Huidobro et mise en scène par René Allio - France |
Crédits images | Getty Images (Tous droits réservés) |
Avec le soutien du | Centre National du Cinéma et de l'Image Animée |
Avec la participation de | France Télévisions |
Attachée de presse | Sophie Desquesses |
Production | Armèle Montfort
Valérie Vancauwemberge |
Programme | Boris Razon
Renaud Allilaire |