« Surpopulation : La peur aux ventres (EP.94) » : différence entre les versions

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... à venir ...
 
Quand l'idiot montre la surpopulation, nous voyons la peur. Bonjour !
 
Entre 100 et 300 millions, il y a 2000 ans. Le cap du milliard franchi entre 1800 et 1830. 7,5 milliards en 2017. 7,7 milliards aujourd'hui. 9,7 milliards en 2050. 11 milliards en 2100. Ah, la surpopulation, l'ultime fléau qui ferait imploser la planète. Vraiment ?
 
1798, un certain Thomas Malthus, économiste britannique et prêtre anglican, publie un pamphlet intitulé : Essai sur les principes de la population. Il y explique que la population anglaise augmente de façon exponentielle alors que les ressources alimentaires ne croissent que de façon arithmétique. L'avenir est clair : le chaos par la famine guette la couronne. Mais Malthus a la solution : contrôler les naissances ! Surtout là où elles sont le plus problématiques selon lui : chez les pauvres.
 
Il écrit délicatement : "Nous devons rendre les rues plus étroites, entasser plus de gens dans les maisons, et encourager le retour de la peste". En résumé, la mortalité des plus démunis serait une forme de régulation naturelle de la démographie. Ben voyons. Tu aimeras ton prochain comme toi-même, surtout s'il fait moins d'enfants que toi.
 
1968, les biologistes américains Paul et Anne Ehrlich publient le livre The Population Bomb. Bienvenue dans le remake hollywoodien de Malthus. On peut notamment y lire : "Trop de voitures, trop d’usines, trop de détergents, trop de pesticides (...) La cause en est toujours la même : trop de monde sur la Terre". Décidément.
 
Prenons-les à la lettre. Le Jour du Dépassement est la date à partir de laquelle l'humanité consomme plus de ressources naturelles que la Terre ne peut en fournir en une année. En 1970, c'était le 29 décembre. 2 jours à crédit. En 1990, il passe au 11 octobre. Ça se corse. En 2019, c'est le 21 juillet. Sur les 12 mois de 2019, nous avons consommé les ressources annuelles d'une planète entière plus trois quart de planète supplémentaire. Mais qui est ce "Nous" mondialisé ?
 
D'après l'ONU, la moitié des 2 milliards de personnes qui naîtront dans les 30 prochaines années verront le jour dans 9 pays : l'Inde, le Nigéria, le Pakistan, la République Démocratique du Congo, l'Ethiopie, la Tanzanie, l'Indonésie, l'Egypte et les États-Unis. L’Afrique est le centre de cette croissance. Sa population devrait quadrupler, passant de 1 milliard en 2010 à 4 milliards en 2100. Voilà pour la démographie.
 
Passons à l'empreinte écologique. Et ramenons le Jour du Dépassement au niveau des nations. Si la population mondiale avait la même consommation que les habitants du Qatar par exemple, nous serions à crédit dès le 11 février. Ouch. Avec les États-Unis, c'est le 15 mars. L'Allemagne ? Le 3 mai ; la France, le 14 ; l'Angleterre, Le 17. Des gloutons.
 
Regardons les futurs champions de la croissance démographique, si facilement pointés du doigt. Si l'humanité consommait comme les égyptiens, le jour du Dépassement glisserait au 25 novembre ! Avec les indonésiens ? Le 18 décembre ! Quant à l'Inde, le Pakistan, la Tanzanie, la République Démocratique du Congo, l'Ethiopie ou le Nigéria, c'est simple : si l'on s'alignait sur eux, il n'y aurait pas de jour de Dépassement. Rien, nada.
 
Oui mais on ne peut pas nourrir tout le monde ! Faux. La production de céréales frôle les 2,5 milliards de tonnes chaque année. De quoi nourrir 10 à 12 milliards de personnes.Sauf qu'en 2015, seuls 43% de ces céréales ont nourri des humains. 36% furent englouti par du bétail, ensuite acheté en pièces détachées par une minorité suffisamment riche pour s'offrir de la viande.
 
Mais la peur est tenace. Dans les années 1950, les États-Unis vantent le "contrôle des naissances" pour le Tiers-Monde. Par altruisme ? Non. Pour protéger leurs intérêts économiques du dangereux communisme rampant. Aujourd'hui, d'autres pointent les femmes africaines parce qu'elles feraient trop d'enfants. Comme si être enceinte dix ans était un projet de vie !
 
Inversons la logique. Et si l'Inde exhortait les États-Unis à lancer des "politiques de contrôle du poids" ? Après tout, en 2012, une étude évaluait que l'augmentation de l’obésité représenterait l’équivalent d’un demi-milliard de personnes à nourrir en plus d’ici 2050. Ou bien, l'Ethiopie pourrait exiger en France des "politiques de contrôle du vieillissement". Ben oui, en Europe, les plus de 65 ans représenteront un quart de la population en 2050. Et qui dit vie plus longue dit empreinte écologique plus lourde. On continue dans l'absurde ?
 
D’ici 2050, nous serons mécaniquement 2 à 3 milliards de plus, quoiqu'il arrive. Même avec une dictature de l'enfant unique, une pandémie ou une guerre mondiale meurtrière. Mais la courbe change. En 1950, la fécondité mondiale était de 5 enfants par femme. Elle est tombée à 2.5 aujourd’hui. Il y a 50 ans, la croissance de la population était de 2% par an. Aujourd'hui, elle est de 1,1%. Ce n'est pas la démographie qui est incontrôlable, mais la peur qu'on en a. Car agiter la surpopulation nous évite de questionner nos modèles de société. Ouvrons les yeux et regardons la démographie en face. Elle a des choses essentielles à nous raconter.


== Sources ==
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