« Régime représentatif, mais de quoi ? (EP.72) » : différence entre les versions

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Il y a la célèbre abstention, bien sûr. Si l'on prend le second tour des scrutins présidentiels - les plus suivis - depuis 1981 elle n'est jamais passée sous la barre des 15%. 20,3% en 1995 et 2002, un creux à 16% en 2007, une exception, puis 19,6% en 2012 et un joli 25,3% en 2017.<ref>http://www.france-politique.fr/elections-presidentielles.htm</ref><ref name=":0">https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/elections-presidentielles-1965-2012-1/</ref>
Il y a la célèbre abstention, bien sûr. Si l'on prend le second tour des scrutins présidentiels - les plus suivis - depuis 1981 elle n'est jamais passée sous la barre des 15%. 20,3% en 1995 et 2002, un creux à 16% en 2007, une exception, puis 19,6% en 2012 et un joli 25,3% en 2017.<ref>http://www.france-politique.fr/elections-presidentielles.htm</ref><ref name=":0">https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/elections-presidentielles-1965-2012-1/</ref>
 
[[Fichier:Representativite1.jpg|vignette|Depuis 1995, le taux d'abstention aux élections présidentielles n'est jamais passé en dessous de 15%. ]]
Regardons les législatives qui nous permettent d'élire les députés de l'Assemblée Nationale. L'abstention y est passée de 30% au premier tour de 1988, à près de 43% lors de celui de 2012.<ref>https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/elections-legislatives-1958-2012/</ref> Les élections européennes ? 39% d'abstention en 1979, 56% en 2014.<ref>http://www.france-politique.fr/elections-europeennes.htm</ref> Et ce serait la faute des votants ? Pour la première fois, lors des élections présidentielles de 2017, les votes blancs sont décomptés séparément des votes nuls - enfin ! Résultat, au second tour, 8,5% des votants ont glissé un bulletin vierge dans l'urne.<ref>https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Presidentielles/elecresult__presidentielle-2017/(path)/presidentielle-2017/FE.html</ref> Une façon de dire : le vote « oui », mais ce vote : « non ». Quand on vous dit que le lien est fragile.
Regardons les législatives qui nous permettent d'élire les députés de l'Assemblée Nationale. L'abstention y est passée de 30% au premier tour de 1988, à près de 43% lors de celui de 2012.<ref>https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/elections-legislatives-1958-2012/</ref> Les élections européennes ? 39% d'abstention en 1979, 56% en 2014.<ref>http://www.france-politique.fr/elections-europeennes.htm</ref> Et ce serait la faute des votants ? Pour la première fois, lors des élections présidentielles de 2017, les votes blancs sont décomptés séparément des votes nuls - enfin ! Résultat, au second tour, 8,5% des votants ont glissé un bulletin vierge dans l'urne.<ref>https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Presidentielles/elecresult__presidentielle-2017/(path)/presidentielle-2017/FE.html</ref> Une façon de dire : le vote « oui », mais ce vote : « non ». Quand on vous dit que le lien est fragile.


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Regardons du côté de l'équité. Même si au fil des élections, les députées sont de plus en plus nombreuses au Palais Bourbon, en 2012, elles n'étaient toujours que 155.<ref name=":1">http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/154000692.pdf</ref> À peine plus d'un quart de l'Assemblée Nationale. Et plutôt éloignées des postes stratégiques. Seuls 10% des présidents et vice-présidents de groupes sont des femmes et moins de 5% des présidents et vice-présidents de commissions permanentes.<ref>http://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/eu4vqp9ompqllr09hh4p88085/resources/publication-pdf-cahier-55.3-jp1.pdf</ref> Un déséquilibre qui existe aussi à d'autres niveaux : en 1978, les ouvriers représentaient 6% des députés. À l'issue des législatives de 2012, seul un député était ouvrier, contre plus de 13% dans la population française. Étrange idée de la représentation.<ref name=":1" />
Regardons du côté de l'équité. Même si au fil des élections, les députées sont de plus en plus nombreuses au Palais Bourbon, en 2012, elles n'étaient toujours que 155.<ref name=":1">http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/154000692.pdf</ref> À peine plus d'un quart de l'Assemblée Nationale. Et plutôt éloignées des postes stratégiques. Seuls 10% des présidents et vice-présidents de groupes sont des femmes et moins de 5% des présidents et vice-présidents de commissions permanentes.<ref>http://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/eu4vqp9ompqllr09hh4p88085/resources/publication-pdf-cahier-55.3-jp1.pdf</ref> Un déséquilibre qui existe aussi à d'autres niveaux : en 1978, les ouvriers représentaient 6% des députés. À l'issue des législatives de 2012, seul un député était ouvrier, contre plus de 13% dans la population française. Étrange idée de la représentation.<ref name=":1" />
 
[[Fichier:Representativite2.jpg|gauche|vignette|En 2012, il n'y avait qu'un seul député ouvrier à l'Assemblée Nationale alors qu'ils représentent 13% de la population française.]]
Revenons-en au vote. Près de 3.5 millions de français en droit de voter ne seraient tout simplement pas inscrits sur les listes électorales et, là encore, l'inégalité est de mise.<ref>http://www.slate.fr/story/131300/sur-pouvoir-voter-2017</ref> Alors que cela concerne 9% des ouvriers, la non-inscription ne touche que 2% des cadres supérieurs<ref name=":2">http://www.metropolitiques.eu/Loin-des-urnes-L-exclusion.html</ref>. Et puis il y a les « mal-inscrits », celles est ceux qui sont inscrits ailleurs que dans leur commune de résidence. 6.5 millions de votants, dont une grande majorité de jeunes, plus de 50% ont entre 18 et 34 ans.<ref>https://www.alternatives-economiques.fr/elections-participation-inegale/00078390</ref> Des situations en partie liées aux contraintes des règles d'inscriptions sur les listes électorales. Et devinez quoi ? Les risques d'abstention sont en moyenne 4 fois supérieurs quand on est « mal-inscrit ».<ref>https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2016-1-page-17.htm
Revenons-en au vote. Près de 3.5 millions de français en droit de voter ne seraient tout simplement pas inscrits sur les listes électorales et, là encore, l'inégalité est de mise.<ref>http://www.slate.fr/story/131300/sur-pouvoir-voter-2017</ref> Alors que cela concerne 9% des ouvriers, la non-inscription ne touche que 2% des cadres supérieurs<ref name=":2">http://www.metropolitiques.eu/Loin-des-urnes-L-exclusion.html</ref>. Et puis il y a les « mal-inscrits », celles est ceux qui sont inscrits ailleurs que dans leur commune de résidence. 6.5 millions de votants, dont une grande majorité de jeunes, plus de 50% ont entre 18 et 34 ans.<ref>https://www.alternatives-economiques.fr/elections-participation-inegale/00078390</ref> Des situations en partie liées aux contraintes des règles d'inscriptions sur les listes électorales. Et devinez quoi ? Les risques d'abstention sont en moyenne 4 fois supérieurs quand on est « mal-inscrit ».<ref>https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2016-1-page-17.htm
</ref> Même le contrat de travail a son importance : qu'il s'agisse d'ouvriers ou d'employés, celles et ceux en CDD ou en intérim ont une probabilité de s'abstenir de 3 à 5 points supérieure à la moyenne.<ref name=":2" /> Nos inégalités sociales se retrouvent aussi dans les urnes.
</ref> Même le contrat de travail a son importance : qu'il s'agisse d'ouvriers ou d'employés, celles et ceux en CDD ou en intérim ont une probabilité de s'abstenir de 3 à 5 points supérieure à la moyenne.<ref name=":2" /> Nos inégalités sociales se retrouvent aussi dans les urnes.

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