Quand la surpêche, les poissons coulent (EP.27)

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Informations techniques
Saison 3
Episode 28
Date de sortie 28/02/2015
Durée 3:49

Les poissons sont de plus en plus nombreux dans nos assiettes et de moins en moins dans les mers et les océans du globe. Petit tour d'horizon d'une expansion qui a transformé en 60 ans la pêche "au gros" pour devenir la pêche "en gros.

Script

rigtLes poissons, c'est comme l'herbe, ça repousse. Ou pas. Bonjour !

Sans oublier les 11 à 26 milions de tonnes de pêche illégale, petite cerise sur le gâteau.

En 2012, plus de 91 millions de tonnes de poisson furent pêchés dans les mers et les océans du globe[1]. Ajoutés aux 66 millions de tonnes de poissons élevés en aquaculture[2], cela nous fait un total de près de 158 millions de tonnes ! Un joli festin marin. Sans oublier les 11 à 26 milions de tonnes de pêche illégale, petite cerise sur le gâteau.[3]

Mais ça n'a pas toujours été le cas. En 1950, on pêchait à peine 18,7 millions de tonnes de poisson, presque 5 fois moins qu'aujourd'hui[4]. La pêche industrielle est passée par là. Grâce à des technologies de pointe issues de la seconde guerre mondiale - comme les radars ou l'incassable fil de nylon - la pêche « au gros » est devenue la pêche « en gros ».[5]

Pour ça, il y a les palangres, par exemple. En méditerranée, ces longues lignes, garnies de milliers de hameçons, atteignent 50 à 60km de long. Au début des années 2000, la seule flotte espagnole déployait 60 à 80 bateaux pour la haute saison des espadons[6]. Soit plus de 3000 km d'hameçons pour ne manquer aucun poisson.

Autre exemple : la « senne tournante ». Ces filets de 1 à 2km se referment pour former d'immenses tubes plongeants jusqu'à 240m de profondeur[7]. De quoi piéger 4 millions de tonnes de thons par an[7]. Sans oublier le chalutage en eaux profondes qui ramasse tout ce qui passe en raclant allègrement le sol marin.[8]

Mais si ces techniques permettent de pêcher plus, elles ne permettent pas de pêcher mieux. Du côté de la crevette par exemple, 60% de ce qui remonte dans les filets n'est pas de la crevette et repart aussitôt par dessus bord.[9] Et depuis 1994, les quantités de poisson pêchées plafonnent à 90 millions de tonnes[10]. Avec 29% des espèces surexploitées, les océans se vident[1].

En 1960, on pêchait en moyenne à 150m de profondeur. 50 ans plus tard (2012), les filets descendent à plus de 300 mètres.

Les bateaux-usine ont quasiment fait disparaître le cabillaud de l'Atlantique Nord. Pêché depuis le XVIeme siècle au large du Canada, les six principales populations ont chuté jusqu'à 99% dans les années 1990. Depuis, les harengs et les capelans, privés de leur prédateur naturel, le cabillaud, pullulent. Et ils doivent faire face à un autre prédateur, bien plus vorace : les bateaux-usine.[11]

Ainsi, les pêcheries descendent progressivement dans la chaine alimentaire, passant des gros poissons à leurs proies, puis aux proies de leurs proies, et ainsi de suite jusqu'à se rabattre sur les espèces les plus petites. Ou alors les plus profondes.[12]

En 1960, on pêchait en moyenne à 150m de profondeur. 50 ans plus tard (2012), les filets descendent à plus de 300 mètres[13]. Sauf que les poissons qui vivent plus bas vivent plus longtemps. Normalement. L'empereur par exemple peut vivre 150 ans mais il ne peut se reproduire qu'à partir de 20 ou 30 ans. En allant plus profond, la pêche industrielle attaque donc des stocks qui se renouvellent bien moins vite que ceux déjà décimés.[14]

Mais il faut bien fournir les étales. Entre 1960 et 2012, la consommation moyenne a presque doublée, passant de 10kg à 19kg par an et par personne[1]. L'aquaculture tente de pallier le problème. Ces bassins d'élevage ne produisaient que 600.000 tonnes de poisson en 1950, selon la FAO, ils pourraient fournir plus de poissons que la pêche en milieu naturel d'ici 2030, dépassant les 93 millions de tonnes par an.[15]

Sauf que jusqu'à présent, ces poissons d'élevage sont nourris avec d'autres poissons tout droit sortis des océans. L'espèce la plus pêchée au monde est ainsi l'anchois du Pérou. 4,7 millions de tonnes en 2012[16]. Tous quasi-exclusivement transformés en farine de poisson. Ce qui permet, entre autre, de nourrir les poissons de l'aquaculture.

Voilà une industrie qui semble tourner en vase clos. Un vase qui a la taille d'un globe dont les océans, 71% de sa surface, pourraient devenir des déserts liquides.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

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Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Gilles Roqueplo
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian