Quand la boucherie, le monde pleure (EP.55)

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Informations techniques
Saison 4
Episode 55
Date de sortie 18/01/2016
Durée 4:34

Quand elle arrive dans notre assiette nous ne voyons qu'un steack, un gigot ou une saucisse, mais la viande c'est bien plus que ça. Face à la démultiplication de notre appétit carnivore, l'industrialisation massive de sa production de viande a désormais des impacts environnementaux et sanitaires considérables. De quoi inviter à repenser nos menus.

Script

 Si la chair est faible, ses impacts sont forts. Bonjour !

 
En 2013, le lait de vache, la viande de porc, de bœuf et de poulet étaient quatre des cinq produits agricoles les plus vendus dans le monde, cumulant un total de 679 milliards de dollars.

318,7 millions de tonnes, c'est la quantité de viande produite dans le monde en 2015 grâce aux 66 milliards de bêtes que nous élevons chaque année.[1][2] 26% de plus qu'en 2003, il y a 12 ans[3]. En 2013, le lait de vache, la viande de porc, de bœuf et de poulet étaient quatre des cinq produits agricoles les plus vendus dans le monde, cumulant un total de 679 milliards de dollars[4]. Un sacré festin.

Entre 1970 et 2014, dans le monde, la consommation moyenne de viande par habitant est passée de 28,7 kg par an à presque 43 kg par an[5][6]. Mais l'appétit n'est pas le même partout. Quand on avale 33.7 kg par an dans les pays en développement, le total monte à plus de 76kg par an dans les pays développés, plus du double[6].

Et ce régime carné a quelques légers impacts. Avec plus de 7 gigatonnes d'équivalent CO2 émis par année, l'élevage représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre liés aux activités humaines. Plus que les émissions directes du secteur des transports[7]. Les bovins sont incontestablement les champions toutes catégories. En 2010, que ce ce soit pour leur viande ou leur lait, ils cumulaient à eux seul 80% des émissions pour seulement 29% de la demande en viande mondiale.[8] Pourtant, pour nos organismes, manger du bœuf n'est pas franchement rentable. Seules 5% des protéines ingurgités par la bête au cours de son existence se retrouvent dans nos assiettes[9]. Pire, la consommation excessive de viande rouge aggrave les risques de diabète et de maladie cardio-vasculaire. Deux pathologies qui représentent, à elles seules, 30% des décès sur la planète[10]. Selon l'OMS, la surconsommation de viandes transformées, comme le jambon ou les saucisses, pourraient même s'avérer cancérogène.[11][12]

Nourrir nos steacks sur pattes demande aussi de l'espace. 75% des terres agricoles du globe sont dédiées à faire pousser la nourriture de notre cheptel mondial[13]. Alors que porc, bœufs, poulets et autres animaux ne fournissent que 8% des calories et moins de 18% des protéines que nous mangeons annuellement.[14] Seul 4% du soja mondial est consommé par des humains. Ces mêmes cultures de soja qui sont responsables de 91% de la déforestation amazonienne.[15][2][16]

 
Entre 1970 et 2014, dans le monde, la consommation moyenne de viande par habitant est passée de 28,7 kg par an à presque 43 kg par an.

Mais ce n'est pas tout. Il faut 13.500 litres d'eau pour produire un kilo de viande de bœuf.[17] L'élevage représente 8% de la consommation mondiale d'eau[18], là encore majoritairement pour faire pousser les fourrages qui viendront garnir les auges. Histoire de boucler le cycle naturel, après digestion, les déjections des élevages intensifs finissent souvent par polluer les sols et les eaux alentours, notamment à cause des nitrates.[19][18]

Mondialisation oblige, l'élevage s'industrialise et ça vient de loin. Au début du XXe siècle, à Chicago, l'organisation à la chaîne dans les abattoirs permettait de tuer, éviscérer et découper une vache en 15 minutes. 12 millions de bêtes étaient ainsi avalées chaque année. Une mécanique bien huilée qui inspira Henry Ford[20]. En suivant l'exemple des abattoirs, il instaura le fordisme dans ses usines automobiles. Aujourd'hui, en France, 95% des porcs sont élevés sur caillebotis dans des bâtiments clos. Le mode d'élevage porcin le plus répandu au monde[21]. Et pour avoir des fermes intensives de porcs, il faut des fermes intensives de truies. Depuis 2011, à Trébivan, dans les Côtes d'Armor, une maternité de 883 truies fait naître 23.000 porcelets par an.[22] Une miette comparée aux 100 millions de porcs et 10 millions de truies achetés par la Chine, premier importateur mondial, entre début 2014 et mi-2015.[23]

Qu'elles accueillent des porcs ou des volailles, la promiscuité des fermes industrielles fait aussi la joie des bactéries. Et comme il vaut mieux prévenir que guérir, les animaux sont gavés d'antibiotiques. En 2009, le bétail américain en a reçu 13.000 tonnes. Soit 80% des antibiotiques consommés dans le pays.[24] Mais, à force, les bactéries déjouent les pièges. En 2014, sur un échantillon de 100 pièces de dinde et de poulet examinés en France, une sur quatre contenait des bactéries Escherichia coli. 64% de ces bactéries étaient résistantes à nos antibiotiques.[25] Une brèche dans notre propre immunité. Bien joué.

 

Longtemps signe de richesse, la viande, en se démocratisant, s'est aussi industrialisée. Aujourd'hui notre appétit excessif de carnivore grignote la planète et commence à créer de sérieux risques sanitaires. C'est peut-être le moment de revoir nos menus.

Sources

Sources principales

  1. http://www.fao.org/3/a-I4581E.pdf#page=54
  2. 2,0 et 2,1 http://www.terraeco.net/Pourquoi-l-elevage-est-le-grand,63012.html
  3. [[1]]
  4. http://www.fao.org/faostat/en/#data/commodities_by_regions/visualize
  5. http://www.franceagrimer.fr/content/download/7015/40697/file/Conso-2011.pdf#page=6
  6. 6,0 et 6,1 http://www.fao.org/ag/againfo/themes/fr/meat/background.html
  7. https://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg3/ipcc_wg3_ar5_summary-for-policymakers.pdf#page=11
  8. http://www.fao.org/docrep/018/i3461e/i3461e.pdf
  9. https://lesceptique.ca/2015/12/01/viande-et-vegetaux/#section_difference_viande
  10. http://www.who.int/whr/2004/annex/topic/en/annex_2_en.pdf
  11. http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2015/10/26/la-viande-rouge-est-probablement-cancerogene_4797058_3244.html
  12. http://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(15)00444-1/abstract
  13. https://lesceptique.ca/2015/12/01/viande-et-vegetaux/#section_dans_le_monde
  14. http://www.fao.org/faostat/en/#data/FBS
  15. https://lesceptique.ca/2015/12/01/viande-et-vegetaux/#section_dans_le_monde
  16. [[2]]
  17. http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/latlasdelaviande.pdf#page=29
  18. 18,0 et 18,1 http://www.fao.org/docrep/012/i0680f/i0680f.pdf#page=76
  19. [[3]]
  20. http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/latlasdelaviande.pdf#page=12
  21. http://www.leporc.com/elevage/les-differents-systemes.html
  22. http://www.humanite.fr/dans-lhorreur-des-fermes-usines-577456
  23. https://www.bloomberg.com/news/articles/2015-08-18/china-culling-100-million-hogs-means-record-pork-imports
  24. http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/latlasdelaviande.pdf#page=26
  25. https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-antibioresistance-dans-les-volailles-de-quoi-avoir-la-chair-de-poule-n14041/

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Journaliste Antoine Cauty
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Gilles Roqueplo
Sound design Célia Sayaphoum & Emmanuel Rebaudengo
Mixage Yves Zarka
Producteur Luc Hermann
Production exécutive Hervé Jacquet - StoryCircus
Musique Cezame Music Agency
Archives Getty Images
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Production Sandrine Miguirian

Vanille Cabaret

Communication Agnès Desplas
Administratrice de production Sandrine Miguirian