Loteries : le rêve derrière des grilles (EP.38)

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Informations techniques
Saison 3
Episode 38
Date de sortie 23/05/2015
Durée 4:01

Les loteries, c'est un peu le rêve au coin de la rue. Sauf que c'est un rêve qui coûte cher et ne rapporte rien la plupart du temps. Mais qu'importe les pertes pourvu qu'on ai l'ivresse.

Script

rigtAu poker, le seul qui gagne à chaque coup, c’est le marchand de cartes. Bonjour !

En France, entre 2000 et 2012, les sommes misées sur les jeux d'argent ont augmenté de 76% pour atteindre plus de 46 milliards d'euros en 2012

0,0000008%, voilà très précisément les chances que vous avez de remporter le pactole au prochain tirage de l'Euromillion[1]. Concrètement, il y a 154 fois plus de chance qu’un astéroïde s'écrase sur vos pieds[2]. Si 100% des gagnants ont tenté leur chance, la réalité c'est que seuls 7,5% des joueurs ont gagné quelque chose.[3]

Mais le hasard est une valeur sûre. En France, entre 2000 et 2012, les sommes misées sur les jeux d'argent ont augmenté de 76% pour atteindre plus de 46 milliards d'euros en 2012[4]. Sur la même période, la Française de Jeux a vu la consommation de ses grilles et autres tickets à gratter grimper de 59%[4]. En 2013, 12.3 milliards d'euros sont partis dans les tirages, grattages et autres paris gérés la FDJ.[5]

Le premier « lotto » est italien[6]. Il apparaît à Florence en 1530. En 1539, François Ier reprend l'idée mais les taxes prélevées sont trop importantes, les joueurs désertent. 200 ans plus tard, Louis XV, ruiné par la construction de l’Ecole Militaire, retente le coup pour renflouer les caisses du royaume. En 1793, les révolutionnaires, derrière l'étendard de la morale, décident d'abolir la loterie royale. Avant de la recréer 4 ans plus tard parce que la morale, c'est bien, mais ça rapporte peu.

En 1836, Louis-Philippe choisira finalement d'interdire les loteries pour de bon. Et c'est toujours vrai : les loteries sont hors la loi[7]. Leur organisation peut être punie d’une peine de prison et de 300.000 euros d’amende. Sauf... pour les loteries de bienfaisance.

Ça tombe bien. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les comptes de la France sont au plus bas. Il faut trouver des fonds pour les pensions des 200.000 soldats revenus mutilés du front. Voilà une cause de bienfaisance ! La Loterie Nationale voit le jour en 1933.

Aujourd'hui, la Française des Jeux est détenue à 72% par l'État[8]. Étonnamment, le produit brut de ses jeux est plus taxé que les autres. 67% contre 54% pour les casinos et 39% pour le PMU[4]. À quoi s’ajoute l’impôt sur les bénéfices du groupe : près de 79 millions d'euros en 2013[8]. Autant de rentrées pour les caisses de l'État sur lesquels le Parlement n’a aucun droit de regard. Ces taxes sont rangées dans une catégorie spécifique de “prélèvements non fiscaux”[9]. Sans doute un vieux reste de morale.

En 2013, il y avait 33.400 points de ventes répartis sur 11.700 communes[8]. Presque autant que de boulangeries[10] et deux fois plus que de bureaux de poste[11]. Mais surtout autant  de guichets d'addiction au jeu potentiels. Le Rapido, créé en 1998 a été retiré de la vente en 2014. À raison de 400 tirages quotidiens, il était accusé de provoquer des addictions graves. 41% des participants présentaient des signes de jeu excessif.[12][13][14]

Malgré tout, près de 11% des joueurs présentent un comportement « problématique » et parmi eux, 3,7% passent le seuil du jeu « excessif »[4]. Chez les 25 à 35 ans, ils sont même 7%, presque deux fois plus[12]. Ce que la Française des Jeux a bien compris : Stars Wars et Indiana Jones ont été convertis cartes à gratter. Harry Potter a même failli atterrir sur un ticket. Pas de panique : ces jeux de la FDJ sont interdits aux mineurs… depuis 2007 !

Évidemment, moins on a d'argent, plus on rêve d'en gagner. Les personnes dans les situations les plus précaires sont aussi une manne pour la FDJ : près de 58% des joueurs ayant un comportement excessif déclarent gagner moins de 1100€ par mois[12]. 50% des ces mêmes joueurs jouent plus de 1500€ par an. Autant de joueurs qui peuvent désormais tenter leur chance en ligne. En 2013, les mises sur fdj.fr ont progressé de 5%, représentant 334 millions d'euros. Sauf que plus de 8% des joueurs en ligne sont déjà dans la catégorie « excessifs ».[8]

Cocher des cases et gratter des tickets permet d'acheter du rêve. La réalité, c'est que derrière les millions de la chance, se cache une loterie de la misère. Vendre le mirage d'une vie meilleure, voilà une ressource aux crédits inépuisables.

Sources

Sources principales

Sources secondaires

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Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Arnaud Pham Gia
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian