Le changement (climatique) c'est maintenant (EP.48)

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Informations techniques
Saison 4
Episode 48
Date de sortie 19/10/2015
Durée 3:47

À l'approche de la conférence internationale sur le climat de Paris - la COP21 - un chiffre revient sans cesse : 2°C. Deux petits degrés d'augmentation des températures globales sur la surface de la Terre à ne pas dépasser d'ici à 2100. Le seul soucis c'est que concrètement, cet horizon des deux degrés est bien plus proche que prévu. Le changement climatique n'est pas un horizon lointain que nous pourrions éviter en bifurquant. Sur les 2°C, nous avons déjà grignoté 0,85°C et aujourd'hui le changement climatique est déjà là.

Script

 Quand la bouilloire siffle, c'est que l'eau est chaude. Bonjour !

 
2 degrés d'augmentation d'ici à 2100. Voilà l'objectif à ne pas dépasser.

2 degrés d'augmentation d'ici à 2100. Voilà l'objectif à ne pas dépasser. Deux petits degrés par rapport aux températures moyennes relevées lors des premières mesures modernes en 1880. Sauf qu'entre 1880 et 2012, la température du globe a déjà augmentée de 0,85°C[1]. Et oui, le changement, c'est maintenant.

Il ne nous reste donc qu'un crédit d'à peine 1,15°C. Et pour une fois, en matière de croissance, celle des températures est fulgurante. 60% de la hausse des températures depuis 1880 s'est concentré sur les 40 dernières années[1]. Depuis 1975, l'Arctique s'est même réchauffé deux fois plus vite que le reste de la planète, avec une hausse de 1°[2]. La vie est injuste.

Désormais, chaque année, les records de températures mensuelles sont battus trois fois plus souvent que si le climat était stable[3]. Notre cher XXIeme siècle compte déjà à lui seul 13 des 14 années les plus chaudes jamais enregistrées[4]. En Australie, depuis 2013, le Bureau Météorologique a même dû ajouter une nouvelle couleur. Ce violet « incandescent » permet désormais de signaler les températures dépassant les 50° celsius.[5]

Et ce petit coup de chaud modifie en profondeur la machine terrestre. Il y a les données spectaculaires, comme celle des catastrophes naturelles : depuis les années 1960, elles ont plus que triplé[6]. Et puis il y a celles un peu plus quotidiennes : entre 1960 et 2013, la production alimentaire de blé a chuté de 2% et celle de maïs de 1,2%[7]. Moins de nourriture pour une population en pleine croissance, ça risque de poser quelques problèmes.

La hausse des températures est aussi problématique pour notre système énergétique. En France, 61% des prélèvements d'eau douce servent à refroidir nos centrales nucléaires[8]. Or, quand les eaux de surface se réchauffent, les centrales thermiques aussi. Lors de la canicule de 2003, 17 réacteurs ont été ralenti ou arrêté. Soit 4 GW d'électricité en moins, 3.5% de la capacité totale de production française.[9] Été 2009, nouveau coup de chaud et cette fois-ci 8 GW de puissance en moins.[9]

 

Mais piquons une tête pour nous rafraîchir. Entre 1901 et 2010, le niveau des océans a augmenté de près de 20cm[10]. Comme pour les températures, la courbe est exponentielle. Alors que le rythme moyen était de 1.7mm/an depuis les années 1900, entre 1993 et 2010 il a presque doublé, passant à 3.2mm/an[10].

Et le système terrestre est un petit blagueur. Admettons que nous stoppions toute émission de gaz à effet de serre dans 3 secondes : 3, 2, 1... Maintenant ! Et bien l'augmentation des températures à la surface du globe ne commencerait à ralentir que dans 10 ans, à minima[11]. Car les océans, qui capturent l'essentiel du réchauffement, continueraient à relâcher en surface une partie de la chaleur accumulée. La température des eaux profondes, elle, pourrait encore augmenter pendant des siècles voire des millénaires. Et, comme en devenant plus chaude l'eau se dilate, le niveau des océans continuerait a monter inexorablement.

Et ne comptez pas sur les forêts pour changer la donne. La surabondance de CO2 dans l'atmosphère mène les arbres à l'overdose. Depuis le milieu des années 1980, dans ce grand poumon qu'est la forêt amazonienne, leur mortalité aurait augmenté d'un tiers[12][13]. De façon plus générale, entre 1959 et 2012, le taux d'absorption des puits de carbone naturels que sont les océans et les forêts aurait chuté d'un tiers.[14][15]

 

Aujourd'hui la question n'est plus d'éviter le péril environnemental, comme un trou sur la route, mais bien de s'adapter en trouvant d'autres voies plus praticables. Dites bonjour au changement climatique car il est déjà là.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Journaliste Antoine Cauty
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Laurent Kinowski
Sound design Célia Sayaphoum & Emmanuel Rebaudengo
Mixage Yves Zarka
Producteur Luc Hermann
Production exécutive Hervé Jacquet - StoryCircus
Musique Cezame Music Agency
Archives Getty Images
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Production Sandrine Miguirian

Vanille Cabaret

Communication Agnès Desplas
Administratrice de production Sandrine Miguirian