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"Près de 123% d'augmentation, c'est la courbe ascendante qu'a connu l'indice des prix des produits alimentaires entre 2000 et 2014" : http://is.gd/2f4cr5
Près de 123% d'augmentation, c'est la courbe ascendante qu'a connu l'indice des prix des produits alimentaires entre 2000 et 2014<ref>http://www.fao.org/worldfoodsituation/foodpricesindex/fr/</ref>. Entre 2000 et 2011, les trois principales céréales - blé, maïs et riz - ont vu leur prix grimper de 150%. Du coup, rien qu'en 2008, 100 millions de personnes supplémentaires ont souffert de la famine face à des prix rendant ces denrées de base inaccessibles.<ref>http://www.foodwatch.org/fr/s-informer/topics/speculation-alimentaire/en-savoir-plus/rapport-de-foodwatch-les-speculateurs-de-la-faim/?sword_list&#x5B;0&#x5D;=sp%C3%A9culateur</ref>


"Entre 2000 et 2011, les trois principales céréales - blé, maïs et riz - ont vu leur prix grimper de 150%. Du coup, rien qu'en 2008, 100 millions de personnes supplémentaires ont souffert de la famine" : http://is.gd/cw6pT9
Les prix des produits alimentaires bruts, comme les céréales, ont toujours été fluctuants. Une météo capricieuse, une instabilité politique, une mauvaise récolte, d'un coup l'offre et la demande sont déséquilibrées et les prix varient. Mais ils n'ont jamais autant variés qu'aujourd'hui.<ref name=":0">http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2012/09/13/les-speculateurs-financiers-coupables-de-la-flambee-des-prix-des-aliments_1757951_3234.html#cXas04pHHwHiyHCW.99</ref>


"Les prix des denrées alimentaires n'ont jamais autant variés qu'aujourd'hui" : http://is.gd/bSQOaJ
Pourtant, depuis des siècles, producteurs et négociants tentent de pallier ces fluctuations, notamment grâce à des mécanismes boursiers. C'est ainsi qu'au XIXeme siècle, les « contrats à terme » apparaissent sur les marchés céréaliers américains<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/Contrat_%C3%A0_terme
</ref>. Leur principe est simple. Un producteur de blé veut s'assurer d'un prix fixe pour la vente de sa future récolte ? Un négociant accepte de lui acheter à ce prix avant même qu'elle n'ai poussé. Il parie du même coup sur une hausse du prix du blé au moment de la récolte concrète. Comme ça, il pourra lui-même la revendre et en tirer un bénéfice. À l'inverse, si le prix chute, il en sera de sa poche.


"au XIXeme siècle, les « contrats à terme » apparaissent sur les marchés céréaliers américains" : http://is.gd/I6ZVs5
Mais rapidement, certains négociants ont eu les yeux plus gros que le ventre. En 1937, la bourse de Chicago,  la plus célèbre place boursière de matières premières, force le géant Cargill à vendre un partie de ses contrats sur le maïs<ref>https://books.google.fr/books?id=QGpsBgAAQBAJ&pg=PA97&lpg=PA97&dq=cargill%2BCBOT%2B1937&source=bl&ots=6I0GIuyCJ_&sig=vVnpLAMrpLmx20VWcjhQHMQjuWw&hl=fr&sa=X&ei=a6gBVeC3NoKrU4bPg_gE&ved=0CDIQ6AEwAw#v=onepage&q=cargill%2BCBOT%2B1937&f=false</ref>. Il en aurait acheté en grande quantité pour faire monter les prix, provoquant du même coup une potentielle pénurie.


"En 1937, la bourse de Chicago, la plus célèbre place boursière de matières premières, force le géant Cargill à vendre un partie de ses contrats sur le maïs" : http://is.gd/i0RaHY
Que voulez-vous, avec un marché mondialisé, les risques pour les négociants sont gros. Le café par exemple est la matière première agricole la plus négociée au monde. Premier exportateur mondial, le port de Santos au Brésil est à 12 jours de mer du Havre. 12 jours de houle pendant lesquels les cours du café peuvent fluctuer. À raison de 21 tonnes de café par container et 3000 à 5000 containers par bateau<ref>https://en.wikipedia.org/wiki/Container_ship#Size_categories</ref>, une simple baisse de 10 centimes d'euros par livre de café peut coûter plus de 10 millions d'euros par bateau.<ref>http://www.intracen.org/coffee-guide/logistics-and-insurance/bulk-coffee-in-containers-background/</ref>


"21 tonnes de café par container" : http://is.gd/KZY6KW
Mais dans les années 1980 de nouveaux acteurs financiers vont entrer dans la danse<ref>http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2012/09/13/les-speculateurs-financiers-coupables-de-la-flambee-des-prix-des-aliments_1757951_3234.html#7CUQkiCXemeO6HCO.99</ref>. Suite à une série de dérégulations, les matières premières deviennent accessibles aux  banques et aux des fonds d'investissements. Ça tombe bien, le risque c'est justement leur business.


"3000 à 5000 containers par bateau" : http://is.gd/W12AaU (Panamax)
Ces nouveaux venus créent des « paniers » rassemblant les denrées les plus rentables, aussi appelés indices. Comme la banque Goldman Sachs qui développe l'indice GSCI en 1991, récupéré depuis par l'agence Standards&Poors<ref>https://fr.wikipedia.org/wiki/S%26P_GSCI</ref>. Et quand la bulle internet éclate en 2000 ou que survient la crise des subprimes en 2008, ces « paniers » de matières premières attirent le chaland en manque de spéculation. De 2003 à 2008, l'argent investit sur ces indices est passé de 15 milliards de dollars à 200 milliards de dollars.<ref name=":0" />


"dans les années 1980 de nouveaux acteurs financiers vont entrer dans la danse" : http://is.gd/jE68zj
Mais tous ces échanges restent purement financiers. Aujourd'hui, seuls 2% des contrats à terme sur les matières premières alimentaires aboutissent à des livraisons concrètes de marchandise<ref>http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20111220trib000672537/il-faut-interdire-la-speculation-sur-les-produits-alimentaires-et-les-biocarburants.html</ref>. À la bourse de Chicago, il s'échangerait en une année près de 46 fois la production mondiale de blé !<ref>http://www.momagri.org/UK/agriculture-s-key-figures/The-equivalent-of-46-times-the-world-s-wheat-production-is-traded-every-year-on-the-Chicago-Mercantile-Exchange-_1093.html</ref>


"Comme la banque Goldman Sachs qui développe l'indice GSCI en 1991, récupéré depuis par l'agence Standard & Poors" : http://is.gd/DN8pNI
Quand l'arrivée massive de ces spéculateurs coïncide avec une baisse réelle des récoltes, comme en 2008, la hausse des prix de ces denrées, elle, n'a rien de virtuel. Entre 2005 et 2008 les prix alimentaires ont augmenté de 83%<ref>http://www.liberation.fr/futurs/2013/02/11/a-la-faim-c-est-toujours-la-finance-qui-gagne_881175</ref>. En 2008, la FAO a listé 37 pays nécessitant une aide extérieure dont plus d'une dizaine ont connu une série d'émeutes de la faim.<ref>http://www.fao.org/docrep/010/ai465e/ai465e02.htm</ref>


"De 2003 à 2008, l'argent investit sur ces indices est passé de 15 milliards de dollars à 200 milliards de dollars" : http://is.gd/bSQOaJ
Sans être la seule cause de l'augmentation des prix des denrées alimentaires, la spéculation accentue tragiquement leur volatilité. Et la sécurité alimentaire devient un indice boursier parmi d'autres. Qui a dit qu'on ne jouait pas avec la nourriture ?


"Aujourd'hui, seuls 2% des contrats à terme sur les matières premières alimentaires aboutissent à des livraisons concrètes de marchandise" : http://is.gd/P5zbiF
== Sources ==


"À la bourse de Chicago, il s'échangerait en une année près de 46 fois la production mondiale de blé" : http://is.gd/fRLgiA
=== Sources principales ===
<references />


"Entre 2005 et 2008 les prix alimentaires ont augmenté de 83%" : http://is.gd/VErdS7
=== Sources complémentaires ===
Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.


"En 2008, la FAO a listé 37 pays nécessitant une aide extérieure" : [http://www.fao.org/docrep/010/ai465e/ai465e02.htm http://www.fao.org/docrep/010/ai465e/...]
== Crédits ==
{| class="wikitable"
|-
! colspan="3" |Crédits
|-
| colspan="3" |'''Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.'''
|-
|'''Écriture et enquête'''
| colspan="2" |Julien Goetz & Sylvain Lapoix
|-
|'''Réalisé par'''
| colspan="2" |Julien Goetz & Henri Poulain
|-
|'''Directeur artistique'''
| colspan="2" |Henri Poulain
|-
|'''Graphiste'''
| colspan="2" |Gilles Roqueplo
|-
|'''Sound design'''
| colspan="2" |Christophe Joly
|-
|'''Mixage'''
| colspan="2" |Yves Zarka
|-
|'''Productrice exécutive'''
| colspan="2" |Laurence de Rosière
|-
|'''Production exécutive'''
| colspan="2" |StoryCircus
|-
| rowspan="2" |'''France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures'''
| colspan="2" |Boris Razon
Cécile Deyon


== Sources ==
Renaud Allilaire


== Crédits ==
Christophe Cluzel
|-
|'''Administratrice de production'''
|Sandrine Miguirian
|}
[[Catégorie: Épisodes]]
[[Catégorie: Épisodes]]
[[Catégorie: Saison 3]]
[[Catégorie: Saison 3]]

Version du 30 juin 2017 à 12:18

Informations techniques
Saison 3
Episode 29
Date de sortie 14/03/2015
Durée 3:52

Aujourd'hui, les denrées alimentaires sont devenues des produits financiers comme les autres. Tout aussi virtualisés et volatiles. Sauf que la fluctuation de leurs cours ont des impacts souvent dramatiques sur les populations que ces mêmes denrées nourrissent.

Script

rigtSpéculez, ceci est mon corps. Bonjour !

Près de 123% d'augmentation, c'est la courbe ascendante qu'a connu l'indice des prix des produits alimentaires entre 2000 et 2014[1]. Entre 2000 et 2011, les trois principales céréales - blé, maïs et riz - ont vu leur prix grimper de 150%. Du coup, rien qu'en 2008, 100 millions de personnes supplémentaires ont souffert de la famine face à des prix rendant ces denrées de base inaccessibles.[2]

Les prix des produits alimentaires bruts, comme les céréales, ont toujours été fluctuants. Une météo capricieuse, une instabilité politique, une mauvaise récolte, d'un coup l'offre et la demande sont déséquilibrées et les prix varient. Mais ils n'ont jamais autant variés qu'aujourd'hui.[3]

Pourtant, depuis des siècles, producteurs et négociants tentent de pallier ces fluctuations, notamment grâce à des mécanismes boursiers. C'est ainsi qu'au XIXeme siècle, les « contrats à terme » apparaissent sur les marchés céréaliers américains[4]. Leur principe est simple. Un producteur de blé veut s'assurer d'un prix fixe pour la vente de sa future récolte ? Un négociant accepte de lui acheter à ce prix avant même qu'elle n'ai poussé. Il parie du même coup sur une hausse du prix du blé au moment de la récolte concrète. Comme ça, il pourra lui-même la revendre et en tirer un bénéfice. À l'inverse, si le prix chute, il en sera de sa poche.

Mais rapidement, certains négociants ont eu les yeux plus gros que le ventre. En 1937, la bourse de Chicago,  la plus célèbre place boursière de matières premières, force le géant Cargill à vendre un partie de ses contrats sur le maïs[5]. Il en aurait acheté en grande quantité pour faire monter les prix, provoquant du même coup une potentielle pénurie.

Que voulez-vous, avec un marché mondialisé, les risques pour les négociants sont gros. Le café par exemple est la matière première agricole la plus négociée au monde. Premier exportateur mondial, le port de Santos au Brésil est à 12 jours de mer du Havre. 12 jours de houle pendant lesquels les cours du café peuvent fluctuer. À raison de 21 tonnes de café par container et 3000 à 5000 containers par bateau[6], une simple baisse de 10 centimes d'euros par livre de café peut coûter plus de 10 millions d'euros par bateau.[7]

Mais dans les années 1980 de nouveaux acteurs financiers vont entrer dans la danse[8]. Suite à une série de dérégulations, les matières premières deviennent accessibles aux  banques et aux des fonds d'investissements. Ça tombe bien, le risque c'est justement leur business.

Ces nouveaux venus créent des « paniers » rassemblant les denrées les plus rentables, aussi appelés indices. Comme la banque Goldman Sachs qui développe l'indice GSCI en 1991, récupéré depuis par l'agence Standards&Poors[9]. Et quand la bulle internet éclate en 2000 ou que survient la crise des subprimes en 2008, ces « paniers » de matières premières attirent le chaland en manque de spéculation. De 2003 à 2008, l'argent investit sur ces indices est passé de 15 milliards de dollars à 200 milliards de dollars.[3]

Mais tous ces échanges restent purement financiers. Aujourd'hui, seuls 2% des contrats à terme sur les matières premières alimentaires aboutissent à des livraisons concrètes de marchandise[10]. À la bourse de Chicago, il s'échangerait en une année près de 46 fois la production mondiale de blé ![11]

Quand l'arrivée massive de ces spéculateurs coïncide avec une baisse réelle des récoltes, comme en 2008, la hausse des prix de ces denrées, elle, n'a rien de virtuel. Entre 2005 et 2008 les prix alimentaires ont augmenté de 83%[12]. En 2008, la FAO a listé 37 pays nécessitant une aide extérieure dont plus d'une dizaine ont connu une série d'émeutes de la faim.[13]

Sans être la seule cause de l'augmentation des prix des denrées alimentaires, la spéculation accentue tragiquement leur volatilité. Et la sécurité alimentaire devient un indice boursier parmi d'autres. Qui a dit qu'on ne jouait pas avec la nourriture ?

Sources

Sources principales

  1. http://www.fao.org/worldfoodsituation/foodpricesindex/fr/
  2. http://www.foodwatch.org/fr/s-informer/topics/speculation-alimentaire/en-savoir-plus/rapport-de-foodwatch-les-speculateurs-de-la-faim/?sword_list%5B0%5D=sp%C3%A9culateur
  3. 3,0 et 3,1 http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2012/09/13/les-speculateurs-financiers-coupables-de-la-flambee-des-prix-des-aliments_1757951_3234.html#cXas04pHHwHiyHCW.99
  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Contrat_%C3%A0_terme
  5. https://books.google.fr/books?id=QGpsBgAAQBAJ&pg=PA97&lpg=PA97&dq=cargill%2BCBOT%2B1937&source=bl&ots=6I0GIuyCJ_&sig=vVnpLAMrpLmx20VWcjhQHMQjuWw&hl=fr&sa=X&ei=a6gBVeC3NoKrU4bPg_gE&ved=0CDIQ6AEwAw#v=onepage&q=cargill%2BCBOT%2B1937&f=false
  6. https://en.wikipedia.org/wiki/Container_ship#Size_categories
  7. http://www.intracen.org/coffee-guide/logistics-and-insurance/bulk-coffee-in-containers-background/
  8. http://abonnes.lemonde.fr/economie/article/2012/09/13/les-speculateurs-financiers-coupables-de-la-flambee-des-prix-des-aliments_1757951_3234.html#7CUQkiCXemeO6HCO.99
  9. https://fr.wikipedia.org/wiki/S%26P_GSCI
  10. http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20111220trib000672537/il-faut-interdire-la-speculation-sur-les-produits-alimentaires-et-les-biocarburants.html
  11. http://www.momagri.org/UK/agriculture-s-key-figures/The-equivalent-of-46-times-the-world-s-wheat-production-is-traded-every-year-on-the-Chicago-Mercantile-Exchange-_1093.html
  12. http://www.liberation.fr/futurs/2013/02/11/a-la-faim-c-est-toujours-la-finance-qui-gagne_881175
  13. http://www.fao.org/docrep/010/ai465e/ai465e02.htm

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Gilles Roqueplo
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian