L'Aluminium, notre Précieux (EP.36)

De Wiki Datagueule
Révision datée du 28 juin 2017 à 16:30 par Datagueule (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche
Informations techniques
Saison 3
Episode 36
Date de sortie 09/05/2015
Durée 3:44

Découvert il y a à peine 200 ans, en 1807, l'aluminium est aujourd'hui partout. Ses propriétés multiples et l'évolution des techniques de transformation de la bauxite, dont il est issu, ont permis à ce métal non-ferreux de séduire un grand nombre d'industries. Et peu importe que ses coûts énergétiques, écologiques ou sanitaires sont bien moins reluisants que ses utilisations.

Script

rigtTout ce qui brille n'est pas or. Bonjour !

En 2013, 296 millions de tonnes de bauxite - dont l'aluminium est issu - ont été extraites de la surface du globe.

Il n'a été découvert qu'en 1807, il y a 200 ans à peine, et pourtant il est désormais partout[1][2] : dans nos emballages, dans nos aliments, dans nos dentifrices, dans plombages dentaires, dans nos déodorants, dans nos vaccins, dans nos immeubles ou encore dans nos avions. Voici : l'aluminium, le métal non ferreux le plus utilisé au monde.

En 2013, 296 millions de tonnes de bauxite - dont l'aluminium est issu - ont été extraites de la surface du globe[3]. Ce qui donne, après raffinage, à peine plus de 47 millions de tonnes d'aluminium[4]. Et oui, l'aluminium, ça se mérite. Il y a 150 ans, Napoléon III réservait ses couverts en aluminium à ses hôtes de marque. Les autres devaient se contenter de ceux en or.[5]

À l'époque, transformer la bauxite en aluminium était complexe et coûteux. Mais heureusement, en 1886, deux scientifiques, un français et un américain, trouvèrent la solution miracle grâce à l'électrolyse[6]. Dès 1888, la production industrielle démarre[7]. En quelques années le prix de revient de l'aluminium chute de 61 francs le kilo à 15 francs. Il tombera même à 3 francs le kilo à peine une décennie plus tard.

Léger, résistant, souple, conducteur, anti-corrosif, recyclable presque à l'infini[8] et désormais bon marché, l'aluminium devient le saint-graal, le métal quasi-parfait qui va rapidement envoûter bon nombre d'industries.

Mais toute magie a un coût. L'aluminium est gourmand, notamment en électricité. En France, l'usine Aluminium Dunkerque, la plus grande d'Europe, livre les deux tiers de la production nationale. Ses 264 cuves d'électrolyse consomment 0,6% de l'électricité nationale[9]. Autant que la ville de Dunkerque. Soit près d'un demi-réacteur nucléaire pour une seule usine ! Car bien sûr, l'aluminium étant coûteux en électricité, le nucléaire est son meilleur allié.

À moins d'utiliser la géothermie, comme en Islande. Tirant son électricité à faible prix des sources de chaleur souterraines, le pays est devenu un eldorado pour les industriels de l'alu. En 2013, l'Islande a produit 800.000 tonnes d'aluminium. Le secteur représente 14% de son PIB. Mais les trois fonderies de l'île utilisent 5 fois plus d'électricité que ses 320.000 habitants. Elles consomment à elles seules 71% de l'électricité islandaise.[10]

Dans le cerveau, la excessive d'aluminium augmenterait sensiblement les risques d'Alzheimer.

Autre petit soucis : avant l'électrolyse gourmande en électricité, il faut transformer la bauxite en alumine. Or, ce procédé génère au passage quelques menus déchets. Ce sont les « boues rouges ». Elles contiennent plein de choses sympathiques : des métaux lourds, du souffre, du mercure, du cyanure, de l'arsenic et surtout de la soude caustique.[11]

Pour 1 tonne d'alumine produite, 3 tonnes de boues rouges sortent ainsi de l'usine[11] et, jusqu'à présent, on ne sait pas franchement quoi en faire. 3 milliards de tonnes de ces boues seraient stockées dans le monde[12]. En 2010, une cuve de stockage d'une usine à l'ouest de la Hongrie s'est rompue. 700.000 tonnes de déchets se sont répandus dans la campagne environnante causant 10 morts et obligeant l'État à maintenir l'état d'urgence dans la zone pendant 6 mois.[13]

Heureusement, si le stockage pose problème, le déversement en mer est une option possible. Dans le sud de la France, depuis 1966, l'usine de Gardanne a déversé 20 millions de tonnes de boues rouges directement dans la Méditerranée[14]. Et même plus précisément dans les calanques de Cassis, parc naturel national depuis 2012. La flaque de boue sous-marine s'étendrait sur 65 km, plongeant jusqu'à 2.300 mètres de profondeur.[15]

En 150 ans, l'aluminium s'est immiscé partout, jusque dans l'eau du robinet qu'il aide à blanchir mais aussi dans les crèmes, vaccins et médicaments. Autant de façons de pénétrer notre organisme où ce métal si familier reste pourtant un corps étranger. Dans le cerveau, sa présence excessive augmenterait sensiblement les risques d'Alzheimer[16]. Voilà un métal qui semble nous éblouir jusqu'à l'oubli.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Julien Pinot
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian