Dopage : la victoire en intra-veineuses (EP.39)

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Informations techniques
Saison 3
Episode 39
Date de sortie 30/05/2015
Durée 4:05

Le dopage est aussi vieux que les compétitions sportives. En Grèce antique, lors des premiers jeux olympiques, un juge respirait déjà l'haleine des athlètes pour détecter des traces d'alcool. Mais l'arrivée de la chimie de synthèse, il y a 85 ans, a fait entrer le dopage dans une nouvelle ère. Donnant ainsi naissance à des sportifs d'un nouveau genre.

Script

Car, oui, le dopage concerne tous les sports. Et pas uniquement le Tour de France où, entre 1996 et 2014, 14 vainqueurs sur 19 ont été contrôlés positifs.

rigtToujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus faux. Bonjour ! Savez-vous quel est le point commun entre un golfeur et un joueur de pétanque ? Les béta-bloquants. Des médicaments parfaits pour ralentir le rythme cardiaque et doper la précision des putters ou des pointeurs[1]. Car, oui, le dopage concerne tous les sports. Et pas uniquement le Tour de France où, entre 1996 et 2014, 14 vainqueurs sur 19 ont été contrôlés positifs.[2]

Pour ça, on peut dire merci à la chimie de synthèse. Pendant la seconde guerre mondiale, les pilotes de la Royal Air Force prennent le manche chargés d'amphétamines[3]. Elles réduisent la douleur et décuplent le mental. Quelques temps plus tard, dans les années 1950, ces mêmes amphétamines vont permettre aux alpinistes professionnels de conquérir 12 sommets de plus de 8.000 mètres autour du globe.[4]

Mais même s'il est partout, le dopage est tabou. En 1964 en Allemagne de l'est, ce sont les services secrets - la Stasi - qui étaient en charge de l'expérimentation des produits dopants. Dans les clubs “Dynamo”, anabolisant et stéroïdes furent testés sur 10.000 sportifs cobayes. Patineurs, skieurs, rameurs ou nageurs[5]. La suprématie olympique, ça se mérite.

Sauf que le dopage, ça se paie aussi. Dans le championnat de football italien, entre 1960 et 1998, sur 400 joueurs décédés, 70 morts seraient liées au dopage. Plus de 17% ! Sur ce même championnat, le taux de cancers parmi les 24.000 joueurs est deux fois plus élevé que dans le reste de la population[6]. Dans les années 1990, l'espérance de vie d'un joueur de football américain ne dépassait pas 55 ans. Buvez, éliminiez ![7]

Mais tout change en 1998 avec le scandale de l'équipe cycliste Festina. Pour lutter contre le fléau, l'Agence Mondiale Antidopage est crée[4]. Son premier président est Dick Pound. Un ancien nageur devenu avocat qui a notamment défendu Ben Johnson reconnu coupable lors de son procès pour dopage suite à son record du monde sur 100m durant les JO de Séoul en 1988 !

La réalité, c'est que les dopés ont toujours une longueur d'avance, y compris sur les tests. Entre 1999 et 2003, les laboratoires américains Balco ont réalisé 100 millions de dollars de chiffre d’affaires grâce au THG[8], un stéroïde dont raffolait les champions américains et grecques d’athlétisme. Vendu 350$ la dose, il avait le grand avantage d'être indétectable. Il faudra attendre 2003 et que les inspecteurs du fisc entrent chez Balco armes au poing, pour enrayer la machine.

Depuis quelques années, les laboratoires anglais Oxford Biomedica proposent des cellules génétiquement modifiées, des OGM[9]. Appelées Repoxygen, elles densifient le sang comme l’EPO. Sur les 23 laboratoires agréés par l’AMA, seuls celui de Cologne est à ce jour capable de les détecter. Les chercheurs devraient aussi monter sur le podium !

Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle. Entre 1999 et 2010 en France, la durée des retransmissions sportives à la télévision est passée de 33.000 heures à 100.000 heures[10]. 750 millions d’euros par an entre 2016 et 2020, c'est ce que touchera la fédération française de football pour les matchs de ligue 1 et 2[11]. Bien en dessous des 2.3 milliards d’euros par saison du football anglais[12]. En 2014, pour les Jeux Olympiques de Sotchi, le C.I.O a facturé 1,3 millions d’euros par jour à France Télévisions[13]. À ce prix là, le record devient un enjeu crucial.

Et ces performances inhumaines sur grand écran créent des vocations. Au début des années 2000, près de 10% des sportifs amateurs reconnaissaient utiliser des produits dopants[14]. Des traces d'anabolisants ont même été détectées chez des enfants de 8 ans[15]. Et, comme chez les pros, les résultats sont au rendez-vous. En 2013, à Sarlat, un jeune espoir rugby est mort d’un cancer foudroyant à seulement 20 ans. En cause : la créatine qu’il s’injectait, sans aucun suivi médical, pour augmenter sa masse musculaire.[16]

Si l'important est de participer, l'essentiel semble être - encore et toujours - de l'emporter. Peu importe la seringue, pourvu qu'on ait le record. Vivant ou mort.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Laurent Kinowski
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian