Containers : la vie en boîtes (EP.33)

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Informations techniques
Saison 3
Episode 33
Date de sortie 11/04/2015
Durée 3:50

Nous vivons dans une joyeuse société d'abondance. Tout est là, à portée de main et de cartes bleues, tous les jours, tout le temps. Et l'un des rouage essentiel de cette mondialisation des biens et des services, ce sont de petites boîtes en métal qui parcourent aujourd'hui les routes maritimes et terrestres : les conteneurs.

Script

rigtDessiner des boites pour les moutons, c'est bien. Les transporter, c'est mieux ! Bonjour.

En 2005, 376 millions de conteneurs avaient parcouru les mers du globe. Crise ou pas, 7 ans plus tard, en 2012, le trafic mondial de ces mêmes conteneurs dépassait les 600 millions d'unités.

Je mesure 2 mètres 30 de haut pour une profondeur de près de 6 mètres, mon volume est de 33 mètres cube et je suis l'outil parfait de la mondialisation des échanges. Je suis, je suis, je suis... un conteneur !

En 2005, 376 millions de conteneurs avaient parcouru les mers du globe. Crise ou pas, 7 ans plus tard, en 2012, le trafic mondial de ces mêmes conteneurs dépassait les 600 millions d'unités[1] ! Voyons comment une boîte en métal est devenue l'étalon du transport mondial de marchandises.

Tout commence par une bête histoire de bouchon[2]. Patron d’une société de poids lourds, l’Américain Malcolm McLean décide de contourner les embouteillages en prenant le large ! Partant d'une remorque, il supprime roues, essieux et châssis puis décide de la charger sur un ancien pétrolier. Le 26 avril 1956, son premier bateau quitte New York chargé de 58 conteneurs de bière Ballantines. Direction : Houston, Texas. À l'arrivée, c'est le jackpot : une tonne de bière transportée par voie maritime revient 37 fois moins cher que via les routes. Champagne !

McLean enfoncera le clou grâce à la guerre du Vietnam. En 1965, le port de Saïgon est tellement engorgé que l'armée américaine peine à ravitailler ses troupes. McLean installe alors un autre port dans la baie de Cam Canh et sauve deux ans plus tard les GIs de la pénurie avec seulement 7 portes-conteneurs. Une démonstration parfaite rapidement adoptée par l'industrie.

Dès les années 1980, le constructeur japonais Toyota réduit drastiquement ses stocks en s'appuyant sur la rotation des conteneurs. Cette méthode, appelée le « Juste à temps » fait des émules[3]. Entre 1980 et 2004, le volume mondial de biens stockés est passé de 25% à 13%[4]. Adieu hangars.

Avec un coût du transport en chute libre, tout devient plus simple ! Plus besoin de concentrer la production. Chaque élément peut être fabriqué là où c'est le moins cher puis transporté dans ces grandes boi-boites. Tiens, Mattel par exemple avait pour habitude de fabriquer ses jouets au Japon. En 1997, le « Plan global de Production » change tout cela. Dix ans plus tard, l’entreprise fait tourner 13 usines en Chine, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Mexique, auxquelles s'ajoutent plus d'une trentaine de sous-traitants. Rien qu’en Chine, Mattel emploi 60.000 à 80.000 personnes.[5]

Le CSCL Globe fabriqué par Hyundai est le dernier monstre en date. Près de 185.000 tonnes d’acier sur lesquels peuvent embarquer 19.100 boîtes.

Cerise sur le gâteau, ces conteneurs permettent de simplifier les chargements et déchargement des bateaux. En 1950, il fallait plusieurs jours pour vider un bateau de quelques tonnes. Aujourd'hui, des grues hautes de 61 mètres, pesant 9000 tonnes, déchargent un conteneur en 90 à 120 secondes. Soit 30 à 40 conteneurs par heure. Efficace.[2]

Du coup, plus il y a de conteneurs en circulation, plus les bateaux pour les transporter sont grands. Le CSCL Globe fabriqué par Hyundai est le dernier monstre en date. Près de 185.000 tonnes d’acier sur lesquels peuvent embarquer 19.100 boîtes[6]. De quoi contenir 189 millions de tablettes, soit plus de 90% des ventes dans le monde en 2013 en un seul bateau[7]. Un gros père noël.

Dont le traîneau laisse quelques méchantes traces. Le carburant utilisé par ces géants des mers rejette 2000 fois plus de soufre que le diesel. De quoi dégager avec un seul porte-conteneur autant de polluants que 50 millions d’automobiles en une année ![8]

Mais, à trop grandir, ces porte-containers risquent de ne plus passer par les voies habituelles comme le détroit de Malacca ou le canal de Suez. Heureusement, le changement climatique est là. Durant l’été 2013, le Yong Sheng fut le premier de ces bateaux à rejoindre Amsterdam depuis la Chine en longeant le cercle polaire grâce à l'ouverture du passage du nord-est, rendu navigable par la fonte précoce des glaces arctiques. Une route 30% plus courte, autant de fuel d'économisé sur la traversée[9]. Après tout, il n’y a pas de petites économies pour satisfaire notre soif de consommation.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Gilles Roqueplo
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian