Cannabis : la drogue douce dont l'hypocrisie dure (EP.11)

De Wiki Datagueule
Révision datée du 20 janvier 2019 à 00:43 par Lothean (discussion | contributions) (Correction de l'oubli d'une lettre sur la légende d'une vignette)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche
Informations techniques
Saison 1
Episode 11
Date de sortie 11/10/2014
Durée 3:35

Le cannabis est la drogue la plus populaire dans le monde. Qu'il s'agisse de production, détention, vente, achat ou simple usage, la législation française est l'une des plus sévère. Mais avec 40% des moins de 16 ans ayant déjà testé le cannabis, l'efficacité de cette répression semble relative...

Script

rigtQuand il y a deux poids, deux mesures, tout est une question de balance... Bonjour.

La drogue la plus populaire dans le monde. Rien qu'en Europe, en 2011, sur 1 million de saisies de stupéfiants, 80% étaient des produits dérivés du cannabis : herbe, résine ou plants.

Teusch, hasch, Ganja, beuh, weed, kiff, skunk, sinsé... Derrière ce champ lexical fleuri, se cache une plante ancestrale : le chanvre. Et une consommation, elle, bien moderne : celle du cannabis. La drogue la plus populaire dans le monde. Rien qu'en Europe, en 2011, sur 1 million de saisies de stupéfiants, 80% étaient des produits dérivés du cannabis : herbe, résine ou plants.[1]

Et oui, parce que détenir de tels produits est parfaitement illégal. La législation française est d'ailleurs l'une des plus répressive. Quelle que soit la quantité et l'infraction - production, détention, vente, achat ou simple usage - le risque est toujours le même : la prison. De 1 à 20 ans.[2]

Pourtant, en France, à 16 ans, 40% des ados ont déjà testé le cannabis[3]. Gros score. La France est le numéro deux européen, juste derrière la République Tchèque. Bien loin devant Pays-Bas, LE pays des cofee-shop, où les ados ne sont que 26% à tenter l'expérience. Criminaliser ne serait donc pas pédagogique ? Voilà qui est étonnant.

Mais d'où vient cette idée d'interdire le cannabis ? Glissons vers les États-Unis. Dans les années 1930, la morphine et l'aspirine voient le jour et les labos pharmaceutiques ont évidemment besoin d'un marché pour les écouler.[4]

Le cannabis - anti-douleur aujourd'hui reconnu pour des maladies comme la sclérose en plaque ou certains cancers - était alors un dangereux concurrent[5]. Au même moment, dans la presse américaine, certains prétendaient que cette drogue était la cause des viols de femmes blanches par les fumeurs noirs. Un argument d'époque qui fut une aubaine pour les industriels du médicament. Même le Congrès américain n'hésitera pas à l'utiliser. Résultat : le cannabis et ses dérivés sont interdit dès 1937.

Depuis janvier 2014, le Sativex, un médicament à base de cannabis, est autorisé en France.

Et comme les États-Unis sont toujours en avance sur le reste du monde, cette prohibition s'est doucement répandue à travers le globe. En France, au-delà des résines, têtes, feuilles et autres produits récréatifs, les médicaments contenants des extraits de cannabis sont également formellement proscrits par la loi sur les drogues de 1970[6]. La belle hypocrisie.

Avec quoi fabrique-t-on la morphine ? L'opium, une drogue bien connue. Deux substances psychotropes ont un usage thérapeutique avéré et une seule a les faveurs du marché. Deux poids, deux mesures. Au passage, la France est l'un des leader mondiaux dans la production de morphine[7]. Coïncidence, peut-être.

Cela dit, les choses changent. Depuis janvier 2014, le Sativex, un médicament à base de cannabis, est autorisé en France. Mais il ne sera pas commercialisé avant... 2015 et selon des règles de prescriptions bien strictes.[8]

Pendant ce temps, le marché illégal change, lui aussi. L'herbe européenne gagne du terrain sur la résine marocaine. Les saisies on presque doublé en France entre 2008 et 2012. Tout un système se développe : des champs contrôlés par la mafia en Italie aux « cannabis factories » tenus par des gangs au Royaume-Uni, Belgique et Pays-Bas. Un monde joyeux fait de corruption, de blanchiment d'argent et de morts violentes.[9]

En France, 500 millions d'euros annuels sont consacrés à la répression avec une efficacité relative[10]. Mais chez les plus vulnérables les effets secondaires sont eux bien réels. Près de 20% des moins de 17 ans sont au bord de la dépendance ou ont déjà basculé. L'enjeu de santé publique risque alors de prendre le dessus sur la criminalité.[11]

Et, dans ce contexte, la prohibition totale pose bien plus de problèmes qu'elle ne semble apporter de solutions. À chacun ses écrans de fumées...

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Gilles Roqueplo
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian