« À qui profite le miel ? (EP.20) » : différence entre les versions

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Vous dansiez ? Et bien butinez maintenant ! Bonjour !

Quel est le point commun entre la détection d'une mine, une saisie de drogue et le secret d'une alimentation variée ? Les abeilles. Oui, en Croatie, des chercheurs ont réellement entrainés des abeilles à reconnaître l'odeur de la TNT, espérant ainsi déminer d'anciennes zones de combat. Et, oui, d'autres scientifiques ont inventé un détecteur de drogues, avec abeilles incorporées, pour ne rien laisser passer à l'aéroport.

Mais, le domaine où les abeilles excellent le plus reste la pollinisation. En butinant les fleurs, elles permettent aux plantes de se reproduire.

Qu'elles soient domestiques ou sauvages, grâce à elles ces plantes prospèrent et nous avec. 35% de ce que l'on mange dépend directement des abeilles. En Europe, elles permettent la reproduction de 84% des plantes que nous cultivons ! Sans les abeilles et leurs cousins bourdons, adieu pommes, poire, citrons, carottes, haricots, oignons ou encore amandes, entre autres.

Ces dernières décennies, les abeilles ne sont plus au top. Aux États-Unis, 35% des ruches disparaissent chaque année. En Europe, 24% des différentes espèces d'abeilles domestiques sont menacées d'extinction. En France, depuis 1995, 300.000 ruches périssent chaque année. La production de miel nationale est passée de 33.000 tonnes à 10.000 tonnes, moins 70%. Une hécatombe.

Coïncidence : cette même année, 1995, de nouveaux insecticides font leur apparition dans les champs français : les néonicotinoïdes. Un nom joyeux sensé assurer de meilleurs rendements pour les cultures. Pas pour les abeilles. En butinant les fleurs, elles absorbent ces produits qui attaquent ensuite leur système nerveux. Progressivement, elles perdent tout sens de l'orientation et ne retrouvent plus la ruche.

Parfois, elles ne retrouvent même pas ce qu'elles doivent butiner. En éradiquant les coquelicots et autre soit-disant « mauvaises » herbes, les pesticides, comme le Round-up signé Monsanto, suppriment leur alimentation naturelle. L'arrachage systématique des trèfles a, par exemple, à entrainé la disparition de 80% de la population du Bombus cullumanus, un bourdon autrefois très répandu en Europe.

Mais pas d'inquiétude, certains apiculteurs ont la solution ! Comme ils vendent la totalité du miel produit par les ruches, en échange, ils nourrissent les abeilles avec du HFCS. Un sirop de sucre bon marché issu du maïs, délicatement nommé « bee candy ». Un bonbon à abeilles qui affaibli surtout leur système immunitaire et les rend plus vulnérables.

Mais l'essentiel reste la rentabilité. Les abeilles domestiques sont aujourd'hui devenues des esclaves. Chaque année, à l'automne, 1.600.000 ruches américaines sont rassemblées en Californie. Ce déplacement de plusieurs dizaines de milliards d'individus en fait la plus grande migration du règne animal.

Le but : polliniser les 320.000 hectares d'amandiers de la vallée de San Joaquim. En 2013, ces arbres ont produit 40 millions de tonnes d'amandes, 80% de la production mondiale. Grâce aux abeilles. À raison de 400 ruches entassées dans chaque semi-remorque, bon nombre d'entre elles ne survivent pas au voyage. Le reste ira butiner des amandiers massivement couverts de pesticides. À force, les ouvrières fatiguent

Mais avec une manne de 153 milliards d'euros au niveau mondial, impossible de se passer de la pollinisation. En Chine, après des années d'épandages de pesticides, ce sont désormais les hommes qui pollinisent les fleurs, à la main. Perchés dans les arbres, ils font le travail que les abeilles ne font plus, pour assurer la récolte de l'année suivante.

Homme-abeille, une belle illusion. Une fois que les abeilles auront disparu, et avec elles une grande partie des plantes, l'homme pourrait bien être l'un des prochain sur la liste.