Lobby or not lobby ? (EP.3)

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Informations techniques
Saison 1
Episode 3
Date de sortie 06/06/2014
Durée 2:49

Script

Quand les experts sont des commerçants, leurs conseils sont des spots de pub. Bonjour.

L'union Européenne : 4 millions 500 milles kilomètres carrés sur lesquels vivent plus de 500 millions d'habitants issus des 28 états membres. Le tout dirigé politiquement depuis Bruxelles par 44.000 fonctionnaires.

Sauf que, faute d'effectifs, ces fonctionnaires doivent déléguer une bonne partie de l'expertise dont ils ont besoin pour prendre les bonnes décisions. Et parmi ceux qui les conseillent il y a... les industriels. Ceux là-même que les décisions politiques finales concernent directement.

Rien de nouveau là-dedans. Après tout, à l'origine, il ne s'agit que d'un dialogue plutôt sain entre décideurs politiques d'un côté et industries de l'autre. D'ailleurs, c'est Étienne Davignon, vice-président de la commission européenne de 1981 à 1985, qui suggéra au patron de Volvo l'idée de créer un consortium de grands dirigeants, au début des années 80.

Résultat : dès 1983, 17 dirigeants de multinationales créent l'ERT, la table ronde des industriels européens. Sauf que le rapport de force pose vite problème : ces fiers chevaliers représentent déjà, en 1985, 60% de la production industrielle en Europe de l'Ouest. Aujourd'hui, l'ERT compte 53 membres et forcément, quand ils parlent, on les écoute.

En 30 ans, Bruxelles est devenu la seconde capitale du lobbying au monde. Juste après Washington. Une véritable industrie de l'influence à l'échelle Européenne qui représente plus d'un milliards d'euros. En tout 10, 20, 30.000 lobbyistes se bousculent sur les 4 kilomètres carrés du quartier Européen. Impossible d'avoir un chiffre précis tellement les frontières sont brouillées.

Entre les anciens parlementaires embauchés par les lobbys et les industriels qui colonisent les groupes d'experts consultés par la commission européenne, la transparence n'est pas franchement la règle.

Pourtant, en 2008, un « registre des représentants d’intérêts » a été crée au sein de la Commission Européenne. Mais il est basé sur le volontariat ! C'est aux lobbyistes de venir décliner leurs nom, prénom, fonction et budget annuel utilisé pour « sensibiliser » les parlementaires. Actuellement, ils sont 6.595 enregistrés, apparemment certains n'ont pas rempli leur fiche.

Le déséquilibre lui est bien clair. Parmi celles et ceux qui travaillent nos parlementaires au corps pour les informer et influencer la politique européenne : 10% émanent directement des citoyens, surtout des ONG, 20% défendent les intérêts des services publics et le reste, 70%, occupe le terrain pour les industries privées.

En février dernier, par exemple, l'Union Européenne valide une directive pour tenter de détourner les jeunes de la cigarette. 200 représentants des 3 plus grosses compagnies mondiales de tabac (Philip Morris, British American Tobacco et Japan Tobacco) débarquent alors dans la capitale belge pour protéger un marché de plus de 121 milliards d'euros. À 3 millions d'euros les 2 semaines, ils n'ont pas fait que manger des frites.

Mais qui sait, peut-être qu'un jour les politiques refuserons de se faire inviter à leurs tables. Rêvons un peu, c'est un lobbying comme un autre...