« Intermittent, précaire à temps plein (EP.8) » : différence entre les versions
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Le roseau a beau être flexible, arrive un moment où il casse. BONJOUR ! | Le roseau a beau être flexible, arrive un moment où il casse. BONJOUR ! |
Version du 3 juillet 2017 à 16:09
Informations techniques | |||||
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Saison | 1 | ||||
Episode | 8 | ||||
Date de sortie | 05/07/2014 | ||||
Durée | 3:24 |
Script
Le roseau a beau être flexible, arrive un moment où il casse. BONJOUR !
Vilains saltimbanques qui feraient sauter la banque de l'assurance chômage. Qui se cache donc derrière les intermittents du spectacle ? En 2011, ils étaient 254.394 a avoir cotisé à ce régime. Car oui l'intermittence, n'a rien d'un merveilleux statut d'artiste, c'est un régime de chômage, parmi d'autres.
Celles et ceux qui en dépendent cotisent aux caisses de l'Unédic, comme tout le monde et même un peu plus : un salarié dépendant des annexe 8 ou 10 de l'Unedic reverse 3,8 % de son salaire quand un salarié du régime général en reverse 2,4 %.
Peu importe, en France, il n'y a pas de concours au meilleur cotisant. C'est la base du système de redistribution : ceux qui travaillent financent, par solidarité, ceux qui ne connaissent pas le plein emploi. Et comme la roue tourne, chacun peut être amené à en bénéficier à son tour.
Mais dépendre d'un régime ne veut pas forcément dire en toucher de l'argent. Sur l'ensemble des cotisants au régime de l'intermittence, moins de 43% ont été indemnisés à minima une journée, pas même la moitié. 108.700 travailleurs du secteur. 1,9% de plus qu'en 2010 et 2,1% de plus qu'il y a 10 ans, en 2003. Quel bond magistral !
Mais remontons un peu dans le temps.
1936 : cette année là est créé un nouveau régime salarié appelé « intermittent à employeurs multiples ». Il est spécifiquement pensé pour les techniciens et cadres du cinéma et, surtout, il est défendu par les producteurs de cinéma qui n'arrivent pas à trouver du personnel.
Bien au chaud avec un patron fixe et une paie annuelle, peu nombreux sont celles et ceux qui acceptent à l'époque de travailler sur des périodes courtes et ponctuelles. Progressivement l'intermittence est étendue aux techniciens du disque, puis de l'audio-visuel. Les artistes et les techniciens du spectacle vivant n'y sont rattachés qu'en 1969.
L'intermittence permet donc, à l'origine, à un employeur d'avoir une main d'oeuvre plus flexible en échange d'une certaine protection sociale pour celles et ceux qui acceptent ces conditions, précaires par nature. Donnant-donnant.
Depuis quelques années, l'emploi « flexible » est justement à la mode. Tiens donc. Premier trimestre 2013, les CDD représentaient plus de 83% des contrats signés dans les entreprises de plus de 10 salariés. Un record depuis 2000. Mieux : en 10 ans, entre 2003 et 2013, les CDD de moins d'un mois ont plus que doublé, passant de 1.8 à 3.7 millions.
Regardons aussi du côté des chômeurs. Depuis 1996, ceux de la catégorie A qui ne connaissent aucune période de travail sont passé de 3 millions à 3,3. Mais ceux des catégories B et C, qui travaillent régulièrement sont passé de 500 à 1,7 millions. Bonjour l'emploi précaire.
Petit saut outre-manche : en Angleterre sont apparus les contrats « 0 heure ». L'employeur ne s'engage à aucun minima d'heures travaillées, il se contente d'appeler le travailleur dès que nécessaire. Pratique. Retour en France, l'accord sur l'assurance chômage signé le 22 mars 2014 aura également de lourdes conséquences sur les intérimaires. Les deux tiers d'entre eux risquent de voir leurs allocations mensuelles réduites. Une certaine idée des économies.
Joli contexte n'est-ce pas ? La question du régime de l'intermittence n'est qu'un arbre que l'on tente d'isoler pour cacher une sombre forêt. La réalité, c'est qu'à un besoin de flexibilité côté employeurs répond une précarisation des employés. Et l'on retombe sur la question de fond, posée par l'intermittence dès 1936 : quel est le donnant-donnant ?