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Version du 16 juin 2017 à 10:11
Script
Vendre un poison et son antidote est l'assurance d'un business florissant. Bonjour.
13,5 milliards de dollars de chiffres d'affaire en 2012, 14% de hausse par rapport à l'année précédente, 21.000 employés dans 66 pays, le tout pour une entreprise créée il y a 113 ans et dont le siège social est situé à « Crève-coeur » dans le Missouri, voici Monsanto. La reine des graines OGM.
Soja, maïs, coton et colza. À lui seul, le groupe produit 90% des semences transgéniques mondiales. Mais il est aussi un acteur important des herbicides grâce à son produit phare : le Roundup.
Il faut dire que Monsanto a de l'expérience. C'était déjà elle qui fournissait à l'armée américaine l'agent orange, un autre herbicide. Joli contrat quand on sait que les avions US en ont répandu pendant 10 ans (1961 – 1971) sur la forêt vietnamienne.
Tout au long de la guerre, le but était simple : empêcher quiconque de se cacher à l'abri des arbres. Donc, on supprime les arbres. Que cet herbicide entraine des cancers en masse et fasse plusieurs centaines de milliers de victimes, c'est un autre problème qui n'était pas celui de Monsanto.
Aujourd'hui, le Roundup est le premier désherbant utilisé dans le monde. Son efficacité est implacable : il éradique toutes les mauvaises herbes. C'est là qu'entrent en jeu les OGM. 70% des semences vendues par l'entreprise ont la particularité d'être résistantes à un certain herbicide : le Roundup. Comme la nature est bien faite.
Logiquement, ces OGM assurent aussi un meilleur rendement aux agriculteurs qui les cultivent. Voyons les chiffres. Aux États-Unis, 80% du maïs récolté est issu des graines estampillées Monsanto, son rendement devrait être bien supérieur à celui de la France où le maïs MON810 est officiellement interdit. Or, ces trente dernières années, le rendement du maïs français a augmenté de 30% et celui de la variété américaine de... 31%.
Monsanto s'assure donc de ne pas perdre sa clientèle par d'autres moyens : les brevets. Un agriculteur achetant des graines Monsanto, doit forcément payer chaque année pour pouvoir replanter ce qu'il a récolté.
La firme américaine a même développé une technologie délicatement appelée « Terminator ». Les plantes « terminator » sont stériles. Comme ça, rien à replanter l'année suivante, le brevet est préservé par les graines elles-mêmes. Mais un moratoire de l'ONU empêche l'utilisation cette solution au nom de la biodiversité. Quand même.
Mais les brevets ne sont valables que 20 ans. Dès 2015, le soja transgénique de Monsanto ne sera plus protégé. Les graines seront alors libres, sans que l'on sache bien leur impact sur les différents organismes.
Ce que l'on sait, par contre, c'est que le Roundup dégrade les sols sur lesquels il est pulvérisés. Pourtant, Monsanto le présentait comme « biodégradable ». Une publicité mensongère pour laquelle le groupe a été condamné.
On sait également que désormais les mauvaises herbes sont de plus en plus résistantes à cet herbicide, il va donc falloir augmenter les quantités pour un résultat équivalent. Voilà un bon modèle économique.
Et puis Monsanto sait s'adapter, l'entreprise vient de racheter pour 1 milliard de dollars, Climate Corporation, une société qui analyse les données météo pour définir quand et comment planter pour obtenir les meilleurs rendements.
Herbicides, semences, prévisions et monopoles, Monsanto pourrait bien devenir notre mère nourricière.