« Géoingénierie : dernier mirage avant la fin du monde (EP.82) » : différence entre les versions

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à venir
Si tu trouves une réponse simple à un problème complexe, cherche encore. Bonjour.
 
Depuis  le  Sommet  de  la  Terre  en  1972  à  Stockholm  jusqu'à  la  COP24  à  Katowice  en 2018, voilà 46 ans que le monde discute du climat pendant que les émissions de CO2 grimpent. Alors maintenant, ça suffit, il est temps de prendre le taureau par les cornes. Olé ! L'épée qui nous permettra de porter l'estocade au dérèglement planétaire porte un nom : la géo-ingénierie. Apparu dans les années 1950, ce terme rassemble des techniques qui visent à modifier le climat global de la Terre. Une surchauffe ? Pas de problème, on a un numéro vert ! Si  le  terme  est  récent,  l'idée  l'est  moins.  Dans  les  années  1830  déjà,  le  météorologue américain James Espy voulait brûler, tous les dimanche, de larges pans de la forêt des Apalaches. La chaleur émanant des brasiers aurait permis, selon lui, de faire tomber la pluie.  140  ans  plus  tard,  les  États-Unis  lancent  secrètement  l'opération  Popeye.  Entre 1967  et  1972,  en  pleine  guerre  du  Vietnam,  des  avions  américains  "ensemencent"  les nuages au dessus des positions Vietcong avec des particules d'iodure d'argent. Objectif : intensifier la mousson pour rendre les routes impraticables et ainsi ralentir la progression des  troupes  et  des  ravitaillements.  Leur  slogan  était  :  "Faites  la  boue,  pas  la  guerre". Qu'est-ce qu'on se marre.
 
Mais fini de faire mumuse localement. Aux grands maux les grands remèdes. L'une des principale bascule a lieu en 2013. Pour la première fois cette année là, le GIEC évoque la géo-ingénierie  dans  son  « résumé  à  l'intention  des  décideurs ».  Pourquoi  ?  Tout simplement parce que les publications scientifiques se sont multipliées. Le GIEC doit donc en rendre compte. Un lobbying comme un autre. Entre 1971 et 2013, 825 publications sont parues autour de la géo-ingénierie avec une nette augmentation à partir de 2008. Ces études sont issues du travail de 1961 auteurs. Sauf qu'en réalité, entre 20 et 25 auteurs apparaissent de façon récurrente. Parmi eux Ken Caldeira et David Keith, deux chercheurs en pointe sur la géo-ingénierie. Tous deux ont  d'ailleurs  déposé des  brevets  sur  des  techniques  de  géo-ingénierie.  Juges  et  parti, pratique. "Stratoshield" pour Ken Caldeira. Un système de ballons dirigeables dispersant du  souffre  dans  l'atmosphère.  Et  le  très  humble  "Planetary  Cooler"  pour  David  Keith. Projet également financé par Murray Edwards qui a pompé sa fortune directement dans les sables bitumineux de l'Alberta. Un amoureux de la Terre. En  matière  de  géo-ingénierie,  il  y  a  deux  grandes  options.  Soit  vous  choisissez  de repousser  les  méchants  rayons  du  vilain  soleil  qui  font  rien  qu'à  réchauffer  la  planète. C'est le Solar Radiation Management, SRM. Soit vous décidez de capturer avec vos petits bras musclés le vilain CO2 qui squatte un peu trop notre atmosphère. Bonjour "Carbon Dioxide Removal", CRD.
 
Prenons le SRM et revenons en 1991. Cette année là, l'éruption du volcan Pinatubo aux Philippines, propulse un gigantesque nuage de cendres dans stratosphère. Ces milliards de particules assombrissent la Terre et font chuter la température d'un demi degré dans l'année qui suit ! Génial. De quoi valider l'une des techniques de SRM : disperser des particules réfléchissantes dans la stratosphère pour repousser les rayons du soleil. Sauf que le nuage de cendres du Pinatubo a eu d'autres conséquences. L'année suivante, les  pluies  ont  été  50%  moins  importantes  que  l'année  la  plus  sèche  observée  jusqu'à présent. Zut. Ça raccorde justement avec certaines études démontrant que la dispersion d’aérosols  dans  les  cieux  pourrait  perturber  la  mousson  indienne,  menaçant  les ressources alimentaires d'un petit 2 milliards d'humains. Si James Espy était là, il nous dirait de brûler une forêt. Ou pas.
 
Regardons le CRD à présent. La technique la plus "prometteuse" serait d'ensemencer les océans  avec  des  particules  de  fer.  On  stimulerait  ainsi  le  phytoplancton  qui  évolue  en surface et qui a la bonne idée d'absorber le CO2. Bien boosté, il pourrait avaler 500 GT de CO2 d’ici la fin du siècle. Ça c'est un champion ! Sauf qu'il faudrait multiplier par 100 la production  minière  pour  récolter  le  fer.  Sans  oublier  le  ballet  des  camions  et  celui  des bateaux- l’équivalent de la flotte mondiale - pour répandre cette poudre dans les océans. Une manne industrielle, un gouffre écologique. Produire du CO2 pour capter du CO2, on frôle le génie.
 
La seule réussite de la géo-ingénierie est d'éviter de remettre en cause ce qui fait tourner notre monde. Ensemencer les océans ou les nuages... Plutôt que de penser au coït, on pourrait commencer par respecter la Terre. Modifier le climat comme on répare un moteur est rêve de gosse l'humanité. Ou son pire cauchemar. Il serait temps de grandir.


== Sources ==
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