Monnaies, monnaies, monnaies ! (EP.30)

De Wiki Datagueule
Aller à la navigation Aller à la recherche
Informations techniques
Saison 3
Episode 30
Date de sortie 21/03/2015
Durée 3:38

Les pièces qui trainent au fond de nos poches ne sont pas anodines. Depuis plusieurs siècles, les monnaies sont l'un des symboles de souveraineté des États, au même titre que les drapeaux ou les armées. Mais en devenant aussi des objets de spéculation en tant que tel, les monnaies semblent s'être éloignées de leur fonction sociale d'origine : l'échange. Depuis quelques décennies, des monnaies complémentaires voient donc le jour tout autour du globe. Non pas pour concurrencer les monnaies nationale mais plutôt pour les compléter à un niveau local. Tentant, au passage, de redéfinir l'échange social qu'elles sont censer symboliser.

Script

rigtSi l'argent n'a pas d'odeur, c'est qu'on a oublié d'où il vient. Bonjour !

En janvier 2015, nos chères monnaies - euro, dollar, yen, livre sterling et bien d'autres - ont générées en moyenne 5.300 milliards de dollars de transactions par jour.

En janvier 2015, nos chères monnaies - euro, dollar, yen, livre sterling et bien d'autres - ont générées en moyenne 5.300 milliards de dollars de transactions par jour[1]. Soit plus que le PIB annuel d'un pays comme le Japon. Changer une devise contre une autre, ça rapporte.

Mais d'où viennent ces monnaies si rentables ? Qu'il s'agisse de pièces, d'écus ou plus récemment de billets, « battre monnaie » a toujours été un enjeu de pouvoir. Aujourd'hui, ce sont donc naturellement les États et les banques centrales, comme la Banque de France par exemple, qui ont seules le privilège de pouvoir faire tourner la planche à billets. Ou presque.

À côté de ces monnaies « souveraines », les banques privées créent elles aussi de la monnaie. Et même beaucoup. Aujourd'hui 90% des liquidités en circulation proviennent des banques commerciales comme BNP-Paribas ou la Société Générale. Et tout ça, grâce aux prêts.[2]

Concrètement, à chaque fois que vous déposez 100 euros sur un compte, votre banque peut créer un crédit de 80 euros pour un autre client. Mais, comme ces 80 euros tout frais vont atterrir sur un autre compte, la banque peut faire un nouveau prêt, de 60 euros cette fois-ci. Et ainsi de suite. Grâce à ce système, à partir d'un dépôt 100 euros, les banques peuvent générer plus de 200 euros de liquidités. Les pièces et billets au fond de nos poches sont en fait une marée de dettes.

Une fois sur les marchés boursiers, toutes ces liquidités deviennent des objets de spéculation. Petit exemple avec Georges Soros, 26eme fortune mondiale. Le 16 septembre 1992, il parie sur une baisse de la livre sterling et en emprunte 6,5 milliards[3]. Il les échange contre des marks et des francs, plus stables. Rapidement, d'autres spéculateurs lui emboîtent le pas. Le lendemain, face à cette attaque en règle, la Grande-Bretagne concède une dévaluation de 15%. Georges Soros, lui, empoche 1,5 milliards de dollars.

Un joli coup qui aura coûté 3,4 milliards de livres au Trésor britannique et qui entraine, dans la foulée, une dévaluation des autres monnaies européennes. Avec 96 crises bancaires et 176 crises monétaires depuis 1970, les fluctuations virtuelles des monnaies ont des impacts bien réels sur nos sociétés. Certains cherchent donc des solutions.[4]

En 2010, 60.000 PME y adhéraient pour un chiffre d'affaires cumulé de 1,6 milliards de francs suisse, faisant du WIR un stabilisateur de l'économie hélvétique.

Née en 1934 en Suisse, le WIR[5][6] est une monnaie complémentaire au franc suisse. En 2010, 60.000 PME y adhéraient pour un chiffre d'affaires cumulé de 1,6 milliards de francs suisse, faisant du WIR un stabilisateur de l'économie hélvétique. Lorsque qu'elle se porte bien, les échanges en WIR diminuent mais dès qu'un ralentissement survient, ils augmentent, prenant ainsi le relais d'une monnaie nationale affaiblie.

Aujourd'hui, il existe plus de 4000 monnaies complémentaires dans le monde[7]. Toujours locales, leur principe de base est simple : des citoyens se rassemblent au sein d'une association. Ils décident démocratiquement d'un taux de change avec la monnaie nationale et des conditions d'utilisation puis la mettent en circulation.

Une bonne partie de ces monnaies sont « fondantes ».  Comme le Chiemgauer, lancé en 2003 dans une école de Bavaroise. Si vous ne les utilisez pas, les Chiemgauers perdent de la valeur au fil du temps, à raison de 2% tous les trois mois. Du coup, mieux vaut s'en servir et faire tourner l'économie locale que de les ranger sous le matelas[8]. Adieu spéculation.

Aujourd'hui, seuls 5% des transactions financières mondiales correspondent à des biens et des services réels[9]. Mais loin des places boursières, les monnaies complémentaires  tentent de redonner une valeur concrète et sociale à nos échanges. Sans jamais concurrencer les devises nationales. En économie comme dans la nature, la diversité des monnaies est peut-être le secret de l'équilibre.

Sources

Sources principales

Sources complémentaires

Des articles, des vidéos, des émissions viendront poursuivre la réflexion.

Crédits

Crédits
Un programme court proposé par Premières Lignes Télévisions et Story Circus en coproduction avec France Télévisions.
Écriture et enquête Julien Goetz & Sylvain Lapoix
Réalisé par Julien Goetz & Henri Poulain
Directeur artistique Henri Poulain
Graphiste Laurent Kinowski
Sound design Christophe Joly
Mixage Yves Zarka
Productrice exécutive Laurence de Rosière
Production exécutive StoryCircus
France 4 / France Télévisions Nouvelles Écritures Boris Razon

Cécile Deyon

Renaud Allilaire

Christophe Cluzel

Administratrice de production Sandrine Miguirian